Page:Müller-Simonis - Du Caucase au Golfe Persique.pdf/658

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
532
HISTOIRE DE L’ARMÉNIE

pas géographique comme dans les Fastes. Tous ces récits de campagnes sont rédigées sur un type uniforme, malgré quelques variantes ici et là. Ils débutent tous par une invocation « au dieu Khaldis et aux pouvoirs suprêmes qui ont fait présent à la race d’Argistis du pays X, appartenant au roi Y. » Suit une deuxième invocation à la triade suprême « aux dieux Khaldis, Theïsbas et Ardinis, dieux du Biaïna » ; puis l’énumération des districts conquis, des villes prises et brûlées ; enfin l’indication détaillée du butin, dont les différents articles sont toujours énumérés dans le même ordre : femmes, enfants, soldats, chevaux, bœufs et moutons.

Ce genre de rédaction est évidemment copié des annales des rois de Ninive. Cependant les inscriptions vanniques diffèrent sous plus d’un rapport des inscriptions assyriennes. Elles ne contiennent point de dates, et n’offrent que fort peu de points de repère : on n’y trouve, par exemple, aucune allusion aux passages des rivières qui sont parfois si précieux pour l’identification des pays conquis. Chose singulière, les lacs de Van et d’Ourmiah ne sont jamais mentionnés. Malgré cela on est arrivé à identifier assez bien les différents noms de pays et de districts grâce surtout aux annales des rois d’Assyrie, et spécialement à celles de Samsi-Ramman III et de Ramman-nirar III dont les conquêtes avaient couvert, en partie au moins, le même terrain que celles d’Argistis.

C’est surtout du côté de la Perse, dans les pays de Mana, Bustus et Barsuas, dans la région du lac d’Ourmiah et du Zagros qu’Argistis conduisit ses légions. Ces contrées, naguère soumises à l’Assyrie étaient encore occupées ici et là par des garnisons assyriennes ; et ceci nous explique comment le roi de Biaïna a pu guerroyer non seulement avec les roitelets déjà redevenus à moitié indépendants, mais encore avec « les armées d’Assyrie ». Car s’il n’est pas probable qu’Argistis pénétra jamais en Assyrie, il est pourtant hors de doute qu’il se rencontra plusieurs fois avec les troupes des rois de Ninive et qu’il eut le dessus dans ces rencontres. En effet, en tête de la cinquième campagne (S. xxxviii,