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INTRODUCTION XXV


obtenu du pape ce privilège pour les clercs de son entourage. Le poète pouvait encore partager son temps entre le service du roi et le service de l’Église, résider à Reims et ne s’absenter que pour un certain laps de temps qu’il passait auprès de son seigneur. Nous ignorons, par conséquent, le moment où il quitta le roi. Lui resta-t-il attaché jusqu’à la funeste journée de Crécy qui vit la mort de Jean l’Aveugle sur le champ de bataille ? On peut en douter. Cette année-là (1346), Guillermus de Machaudio figure parmi les chanoines de Reims et est taxé à 60 sous pour sa prébende. D’un autre côté, il est bien surprenant qu’on ne trouve dans ses œuvres aucun écho de la fin glorieuse de son maître, tandis qu’il n’a pas manqué de déplorer la captivité du roi Jean après la bataille de Poitiers et de consoler le roi de Navarre, quand il fut fait prisonnier par le duc de Normandie. Ce silence est assez significatif ; il permet, nous semble-t-il, de conclure que le poète avait définitivement quitté le roi avant l’année de sa mort.

À partir de 1340, on rencontre de temps en temps le nom de notre poète dans des actes relatifs à la ville ou au chapitre de Reims. Nous avons déjà cité celui de 1346. Il figure dans un acte capitulaire du 18 août 1352 accordant au chanoine Hugues de Châtillon la permission « de almutia et sindone portandis in choro et extra »[1]. Lorsqu’au mois de décembre 1361, Charles V, alors duc de Normandie, est à Reims, il mande « les eschevins dudict Reims l’aller veoir en son logis chez maistre Guillyaume de Machault »[2].

  1. Varin, Arch. administr. de Reims, III, 311
  2. Mémoires manuscrits de Jean Rogier, Bibl. de Reims, ms. 1629, f° 155 v° ; Varin, l. c., p. 206.