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XXVI INTRODUCTION


Dans une sentence arbitrale du 23 mai 1372, énumérant les maisons canoniales extra-claustrales qui existaient alors, paraît la maison « in qua inhabitat Guillermus de Machaudio sitam prope Pourcelettam »[1]. C’est donc à Reims que Machaut avait sa résidence ordinaire. On est même arrivé à déterminer exactement l’emplacement de la maison qu’il habitait, le n° 4 actuel de la rue d’Anjou[2].

Machaut, dans ses œuvres mêmes, ne fait jamais la moindre allusion, ni à son canonicat, ni à Reims ; cela n’était guère de mise dans des poèmes où il n’est question que d’amour et de galanterie. Par contre, il nous renseigne assez exactement et avec une certaine complaisance sur ses relations avec les princes et les grands seigneurs de son époque. Comme ses contemporains, Froissart ou Deschamps, notre poète se plaisait dans la société des grands, tant pour l’honneur que pour le profit matériel qui en résultait. Et les princes, de leur côté, amateurs de belles-lettres, favorisaient volontiers les travaux de l’esprit et aimaient déjà à jouer le rôle de protecteurs des poètes. Guillaume leur accorde une place dans ses poèmes, dans le Jugement dou Roy de Behaingne, dans le Jugement dou Roy de Navarre, dans la Fontaine amoureuse, profitant de cette occasion pour faire leur éloge ; ou bien il associe leur nom au sien dans des anagrammes qui révèlent au public contemporain et conservent à la postérité les noms de l’auteur et de celui à qui l’ouvrage est destiné ; ou encore il fait exécuter de superbes copies de ses œuvres pour les leur offrir. Lui-même, dans le Voir

  1. Archives de Reims, G. 318, n° 5 ; Varin, l. c., p. 369.
  2. Voyez la note de M. L. Demaison dans la Revue de Champagne et de Brie, XIX (1885), 93 ss.