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XXXII INTRODUCTION


roi de France et fut tenu en captivité pendant près de deux ans, Guillaume composa pour lui un long poème, destiné à donner au captif royal courage et patience, le Confort d’ami. Le poète y confirme en toutes lettres son attachement au roi : « sans riens retenir suis tiens » (v. 24), et cela malgré les accusations qui pèsent sur son maître, accusations que Guillaume taxe de calomnies. Le roi était en prison depuis dix-huit mois, quand le poème lui parvint. Celui-ci doit donc se dater du mois d’octobre 1357. Entre les deux dates de 1349 et de 1357 se place un document qui, sans se rapporter à Guillaume lui-même, peut cependant fournir une preuve indirecte de son service auprès de Charles de Navarre : le 14 octobre 1354, Jean de Machaut, le frère du poète, obtient un canonicat à Toul sur la demande de Charles, roi de Navarre[1] . Il avait donc passé, lui aussi, au service du roi. Ces deux frères qu’on trouve ensemble chez le roi de Bohême, qui plus tard sont l’un et l’autre chanoines à Reims[2], qui sont enterrés dans la même tombe et dont les noms sont réunis de nouveau dans Tépiiaphe, qui, par conséquent, dans leur vie et jusque dans leur mort, sont intimement liés l’un à l’autre, ont dû évidemment servir ensemble ce roi de Navarre qui, dans le document conservé, récompense au moins l’un d’eux. Tout nous permet de supposer que Guillaume, aussi bien que Jean, servaient alors le même souverain. Après 1357, il n’est plus fait aucune mention de

  1. A. Thomas, loc. cit., p. 329, n. i.
  2. Le 13 septembre 1355, Johannes de Machaudio prend possession in propria de la prébende 44 du chapitre de Reims (Livre rouge du chapitre, f° 291 r°). En février 1358 il figure parmi les membres du chapitre (Varin, Arch. admin. de Reims, III, 103).