Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/13

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souffrait aucun retour vers le passé. On a avancé d’autres vérités de cette nature. On nous permettra, peut-être, de ne pas nous y arrêter présentement. Lorsqu’on parcourt un pays aussi riche que l’Inde du Sud en souvenirs d’histoire, ce serait, à mon avis, grande pitié que de ne pas séjourner devant ces ruines dont chaque pierre, tel l’antique Memnon, laisse échapper, pour qui sait l’entendre, une plainte douce et continue. Il faut plaindre celui qui ne l’a pas entendue, cette voix des ruines, attestant ce qu’elles ont vu, au temps de leur force entière, de gloire, de luttes et d’horreurs, avant que d’entrer dans cet éternel repos qui ne s’obtient que par l’oubli.

La voix du passé chante encore dans les vieilles forteresses et les palais déserts du Carnate, je l’ai entendue dans les plus obscurs réduits comme au sommet des piliers encore debout parmi les décombres des temples. Elle m’a dit les morts que firent les boulets en pierre de l’artillerie des Nawabs lorsqu’elle battait les tours crénélées