Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/299

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pagode à quelque conquête violente où le pillage aurait tenu sa place.

Entre toutes ses congénères de l’Inde dravidienne, la pagode de Vellore est une des plus intactes. Çiva, à qui elle était dédiée, y fut honoré sous le nom de Jalakanteswara, c’est-à-dire « résidant dans l’eau ». Des deux gopuras monumentaux qui surmontent les portes, le principal, celui de la première entrée, dresse à trente mètres de hauteur sa pyramide de sept étages, chargée de sculptures à profusion. La porte massive est défendue par deux grands pions de granit noir qui, sur un socle très bas, montent chacun leur garde avec la massue. Leurs bonnes proportions, la solidité de la facture, la perfection du travail, datent de ces œuvres de la belle époque et dénoncent la main des statuaires de Tanjore. Le poli de la pierre dure n’a pas plus tué les finesses des détails que le caractère de l’ensemble. À peine sommes-nous engagés sous le porche où des abeilles sauvages bourdonnent et couvrent en laborieux essaims leurs gâteaux verticalement suspendus à quinze pieds au-dessus de nos têtes, que la forêt des piliers commence à nous entourer de ses fûts ciselés, repercés, élégis, divisés, et dont