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IV
PRÉFACE

la critiquent, la dônigTont, prétendent en établir la fausseté ; et ceux-ci ne contribuent pas moins que ceux-là au progrès de l’idée nouvelle, car ce sont les adversaires d’une doctrine qui en contraignent les défenseurs à rendre plus ample, plus claire, plus certaine la vérité dont ils ont été convaincus les premiers.

La plupart du temps, l’inventeur prend, à cette discussion, une part active ; cette part, cependant, n’est pas essentielle ; elle n’est même pas toujours la plus importante ; tel manifeste plus de génie en défendant la découverte d’autrui que celui-ci n’en a montré en la faisant. D’ailleurs, lorsque la vieillesse et la mort ont réduit l’inventeur au silence, la discussion se poursuit longtemps encore autour de la proposition qu’il a formulée le premier.

Le temps vient enfin où la discussion cesse, où la proposition est admise sans conteste. Est-ce le terme du labeur collectif dont, jusqu’à ce moment, elle a été l’objet ? Non point, et ce labeur, bien souvent, n’en devient que plus actif. Du principe universellement accepté, il s’agit maintenant de tirer toutes les conséquences, toutes les applications dont il est gros ; et parmi ces conséquences, parmi ces applications, combien en est-il que l’inventeur n’avait aucunement soupçonnées, encore qu’elles fussent implicitement contenues en ce qu’il avait conçu ! Par cette œuvre séculaire, le principe se développe et se transforme à tel point qu’à peine, ensuite, peut-on le reconnaître sous sa primitive figure lorsqu’on le rencontre dans les écrits de celui qui l’a discerné le premier.

Tout cela est tellement d’observation commune qu’il est presque oiseux d’en citer des exemples. Veut-on, cependant, en trouver un qui soit particulièrement probant ? La découverte qui a mis en évidence la possibilité de faire le vide, qui a manifesté la pression atmosphérique, le fournira. De récents débats ont rendu présentes à toutes les mémoires plusieurs circonstances de cette invention ; mais pour en retracer l’histoire entière, il faudrait remonter bien haut dans le passé.

Il faudrait relire, d’abord, ce IVe livre des Physiques où Aristote traite du vide ; contre les Atomistes, le Stagirite argumente afin de démontrer que l’existence d’un espace vide est une pure contradiction logique ; toute opération qui aboutirait au vide est inconcevable et absurde.

A part Jean Philopon, tous ceux qui commentent la Physi-