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VI
PRÉFACE

commence à germer ; ce qui contraint un liquide à pénétrer, en dépit de son poids, dans un espace qui, faute de cette ascension, demeurerait vide, ce n’est pas une tendance à suivre le corps qui fuit ; c’est une pression exercée, en vertu de sa pesanteur, par le fluide extérieur. Cette pensée, nous la voyons s’engendrer en même temps dans les esprits les plus divers ; Jean Rey, Isaac Beekman, Descartes, Gianbattisla Baliani la conçoivent en même temps sous une forme plus ou moins précise.

L’œuvre des précurseurs est alors achevée ; tout est prêt pour que celle des inventeurs puisse commencer.

Elle débute par l’expérience célèbre de Torricelli que, peut-être, le P. Valeriano Magni a imaginée de son côté.

A peine Torricelli a-t-il communiqué sa découverte à son ami Michel Ange Ricci, à peine celui-ci eu a-t-il fait part à quelques italiens et français curieux de Physique, qu’une extraordinaire effervescence agite l’Europe savante ; chacun veut voir « l’expérience du vif-argent » ; chacun s’efforce de la répéter, de la modifier, de l’interpréter. Ce que fut cette effervescence en France, au sein de ce groupe de physiciens que reliait entre eux la commune amitié du P. Mersenne, tout le monde le sait, grâce aux articles retentissants publiés par M. F. Mathieu, grâce à la polémique ardente qu’ils ont suscitée ; Pascal et Pecquet s’efforçaient de faire triompher l’explication par la « colonne d’air » ; Roberval tenait pour l’hypothèse d’une force attractive, selon l’antique opinion de Jean de Dumbleton ; les Jésuites s’attachaient surtout à défendre l’impossibilité du vide, également affirmée par le Péripatétisme et par le Cartésianisme, deux doctrines qu’ils s’efforçaient, à cette époque, de concilier entre elles.

A ce débat, l’expérience du Puy de Dôme va mettre fm ; le mérite d’en avoir préparé et assuré l’exécution revient à Pascal et à son beau-frère Périer ; mais Mersenne, Descartes et Pascal s’en peuvent disputer la première idée.

Les propositions fondamentales de la théorie du vide et de la pression atmosphérique sont désormais assurées ; il leur reste à produire leurs conséquences.

Elles vont conduire, tout d’abord, à l’invention de la machine pneumatique. Robert Boyle combine son appareil à faire le vide assez tôt pour que Pascal puisse célébrer cette découverte ; mais Otto de Guericke ne publie le sien que longtemps après