Page:Maire - L’Œuvre scientifique de Blaise Pascal, 1912.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
XII
INTRODUCTION

sujet à l’autre, s’adonnant tantôt à des recherches mathématiques, tan- tôt à des expériences de physique. Son tempérament impulsif, sa curiosité toujours en éveil, et plus que tout, sa conception intellectuelle des choses, ne lui permettait pas de s’astreindre trop longuement à un problème déterminé ; mais on doit en excepter toutefois la construction de la machine arithmétique dont la création et le perfectionnement l’ont occupé pendant près de 9 ans.

Son intelligence ne pouvait s’accommoder d’un joug, d’une règle, d’une méthode. Il ne supportait pas non plus la contradiction, surtout s’il croyait être dans la certitude ; son intuition géniale s’est montrée de bonne heure, son observation sur la production des sons dans certains corps (4), son étude de la géométrie qu’il crée de toutes pièces sur une simple définition générale faite par son père, en sont des exemples.

Admis dans des milieux savants à un âge où l’on est encore enfant, il a dû s’appliquer à résoudre les questions posées devant lui, à suivre les discussions scientifiques, à les traiter immédiatement ; peut-être même n’attachait-il pas assez d’importance aux problèmes qu’il avait résolus et dont il avait fait part de vive voix aux amis de son père. Tout au plus, lorsqu’une question pouvait intéresser le monde savant, faisait-il imprimer un résumé rapide des solutions trouvées, se réservant de développer plus tard — il le disait, sans l’avoir peut-être jamais fait. — ce qu’il exposait en quelques pages.

L’œuvre scientifique de Pascal ne constitue pas un corps de doctrine, mais il s’y trouve, avec l’expression d’une science incomparable, les germes et les idées premières qui ont conduit ses successeurs à de grandes découvertes, tant en mathématique qu’en physique ; on à voulu voir, dans sa correspondance avec Fermat, sur les jeux, l’origine du calcul des probabilités (2) : L. Perrier et d’autres mathématiciens le placent au rang des précurseurs du calcul intégral (3).

Ses recherches sur l’équilibre des liqueurs font croire qu’il a eu l’intuition de la presse hydraulique (4), de même que ses expériences sur la pression atmosphérique ont confirmé les découvertes de Torricelli et établi définitivement l’emploi du baromètre.

C’est pourquoi on doit comprendre que l’œuvre de Pascal suscitera sans cesse des curiosités nouvelles, pourquoi la critique et l’érudition chercheront longtemps encore à la pénétrer et à la développer.

Tous ses travaux peuvent se diviser en trois grandes séries : La création et la construction de la machine arithmétique — Les recher-

[1] [2] [3] [4]

  1. Le traité des sons faits à l’âge de 12 ans.
  2. MONTUCLA. Hist. des mathém., 2° édit., t. [II, p. 384.
  3. Revue générale des Sciences, t. XI (1991, p. 482-490.
  4. Arago, Œuvres, t. I, p. 80.