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loignent de plus en plus l’une de l’autre, jusqu’au moment qui doit les séparer à jamais. C’est ainsi que saint Augustin nous montre admirablement les deux Cités que le genre humain doit former à la fin des temps, prenant naissance dès le commencement des temps : la Cité du monde et la Cité de Dieu.


Dieu et la Vérité sont une même chose ; d’où il faut conclure que toute vérité que l’intelligence humaine est capable de recevoir lui vient de Dieu ; que sans lui elle ne connaîtrait aucune vérité, et qu’il a accordé aux hommes, suivant les temps et les circonstances, toutes les vérités qui leur étaient nécessaires. De cette impuissance de l’homme et de cette bonté de Dieu découle encore la nécessité d’une tradition universelle dont on retrouve en effet les vestiges plus ou moins effacés chez tous les peuples du monde, selon que l’orgueil de leur esprit et la corruption de leur cœur les ont plus ou moins écartés de la source de toute lumière : car l’erreur vient de l’homme comme la vérité vient de Dieu ; et s’il ne crie vers Dieu, l’homme demeure à jamais assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort[1].

L’erreur a mille formes et deux principaux caractères : la superstition et l’incrédulité. Ou l’homme

  1. Sedentes in tenébris et umbrá mortis. Ps. CVI.10.