Page:Maistre de La Tour - Histoire d'Ayder-Ali-Khan, 1783.djvu/232

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leur enjoignant d’emporter avec eux toutes leurs denrées, tout leur argent & effets quelconques, & emmenant leurs bestiaux de toute espèce, les troupes ayant ordre de dévaster le pays, sans épargner autre chose que les arbres, de brûler les fourages jusques au chaume qui couvroit les maisons. Pour faciliter cette dévastation & le transport, tous les Vivandiers, valets & autres gens de tout métier, eurent la permission d’aller prendre part à ce pillage universel ; & ils partirent conduisant avec eux toutes les bêtes de charge de l’armée & de la ville.

On ne sauroit avoir l’idée en Europe de la promptitude avec laquelle un ordre aussi extraordinaire fut exécuté, & en combien peu de tems un des plus beaux & des plus riants pays du monde fut changé en un désert à trente lieues à la ronde de Syringpatnam. On ne sauroit dire qui étoit plus empressé d’obéir des gens de l’armée ou des habitans : ceux-ci, en abandonnant leurs maisons, ne laissoient que ce qu’ils ne pouvoient emporter, & ils étoient relevés par les différens Corps qui arrivoient successivement & qui finissaient par ne laisser abso-