Page:Maistre de La Tour - Histoire d'Ayder-Ali-Khan, 1783.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette morgue & cette taciturnité qu’affectent presque tous les autres Princes de l’Orient. Lorsqu’il reçoit un Étranger, il est réservé, & semble lui parler un peu gravement, mais il reprend bientôt son aisance ordinaire & parle à tout le monde, racontant lui-même les nouvelles & les histoires du jour avec cette affabilité qu’on lui connoît. Ce qui est étonnant, c’est qu’on voit ce Souverain interroger, répondre, écouter la lecture d’une lettre, dicter la réponse d’une autre, voir jouer la Comédie, faire semblant d’entendre chanter ou voir danser, dans le même instant où il décide les choses les plus importantes.

Aucun Souverain n’est d’un plus facile accès pour toutes les personnes qui peuvent avoir affaire à lui, soit de ses Sujets, soit des Étrangers ; & ces derniers, de quelque état qu’ils soient, sont toujours assurés d’être introduits en sa présence, en faisant demander l’audience par un Souquedar ou Huissier à masse, dont il a toujours un nombre suffisant à la porte de son Palais ; les Faquirs, ou espèce de Moines mendiants sont seuls exceptés. Lorsqu’il en