Page:Maistre de La Tour - Histoire d'Ayder-Ali-Khan, 1783.djvu/54

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de jasmin qu’il noue avec de la soie, & qu’il passe lui-même au col de l’heureux mortel à qui il veut donner cette glorieuse marque de son estime & de sa faveur. Il a plusieurs fois fait cet honneur aux Chefs de ses Européens, n’ignorant pas que le François, plus que toute autre Nation, se tient pour bien payé avec cette monnoie. Celui qui a reçu un pareil honneur, reçoit le lendemain des visites de tout ce qu’il y a de plus grand pour le complimenter.

S’il y a eu quelque bataille gagnée ou quelque événement glorieux pour le Prince, le Poëte de la cour arrive en s’annonçant lui-même dès qu’il met le pied dans les premiers appartemens, par des salutations au Prince à qui il donne à haute voix les titres les plus pompeux & les plus extravagans, disant : Salut au plus grand Roi de la terre, à celui dont le nom seul fait trembler ses ennemis, &c. Tout le monde, à la voix du Poëte, prête l’oreille & se tait ; la comédie ou la danse est interrompue, le Poëte entre, s’assied au fond de l’appartement en face du Prince, & récite un Poëme que tout le monde affecte d’écouter avec la plus grande