Page:Maistre de La Tour - Histoire d'Ayder-Ali-Khan, 1783.djvu/58

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même tems avec plus de naturel ; leurs airs sont assez gais & agréables ; les paroles que chante une voix seule, expriment presque toujours les plaintes d’un amant ou d’une amante ; les airs qu’elles chantent en chœur sont beaucoup plus gais, mais ils n’ont pas de secondes parties & recommencent toujours.

Les danseuses sont supérieures dans leur genre aux comédiennes & aux chanteuses, & on peut dire qu’elles feroient plaisir sur le théâtre de l’Opéra de Paris : tout danse & tout joue en même tems chez ces femmes ; leurs têtes, leurs yeux, leurs bras, leurs pieds, & tout leur corps semble ne se mouvoir que pour enchanter ; elles sont très-légères & ont un très-fort jarret ; elles pirouettent sur un pied & s’élèvent dans un autre instant avec une force surprenante ; elles ont tant de justesse dans leurs pas & dans leurs mouvemens, qu’elles accompagnent les instrumens avec des grelots qu’elles ont à leurs pieds, & comme elles sont de la taille la plus svelte & la plus élégante, tous leurs mouvemens se font avec grâce. Aucune des Bayadères de la troupe du Prince n’a jamais