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comme du fils et du frère à la fois de tel dieu. Les déités principales de ces anciens hymnes, celles qui certainement sont les plus importantes, sont peut-être Varuna, Agni et Indra. Le premier, Varuna, personnifie le vaste ciel qui s’étend sur la terre comme un voile. Mais nombre des hymnes lui sont adressés simplement comme au seul dieu auteur du monde [1]. On retrouve du reste l’instinct monothéiste dans les chants védiques. Un être tout-puissant, à la fois notre père, le maître qui nous enseigne et notre juge : il habita d’abord la terre aryaque. Il est Varumna, quoique Mithra s’y ajoute ; enfin il est Adytta, et le Cronos grec. Varuna se trouve dans la mythologie grecque, en tant qu’Ouranos. Mais, au contraire de Zeus (le Dyaus sanscrit), qui devint, en Grèce, le nom du dieu suprême, Ouranos y perdit son importance et disparut même presque totalement.

Qu’est Agni, le deuxième dieu ? Le feu qui, lorsque le combustible est allumé, « s’avance comme un cheval de guerre, hors de sa prison, laissant derrière lui une trace obscure de fumée. » Agni ne se trouve pas dans la mythologie occidentale, mais on reconnaît son nom dans ce mot latin : ignis, le feu. Indra complète ce groupe ternaire, lui le dieu du ciel clair, et aussi de la lumière, de la chaleur et de la pluie fertile (fig. 6) ; il tire son nom d’une racine du langage qui désigne la fluidité, et répond ainsi au Jupiter fluvius des Latins.

On le représente principalement combattant Vritra, l’ennemi qui, en enfermant la pluie, apporte la sécheresse à la terre ; ce dernier est un grand dragon, tué par la

  1. Gde Myth., liv. I et II.