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s’achève sans autre incident, et dans un élan unanime d’admiration. Toutefois, des restrictions se font jour. On conseille à l’auteur de ne pas risquer l’aventure de la scène. « Le poète n’a pas touché le but, car il l’a dépassé », dit H. de Latouche. Mais l’à-propos et la mémoire de Delphine ont sauvé une situation difficile, et donné une preuve tangible et flatteuse de son culte pour René[1].

Sophie Gay, à partir de cette époque et pendant les vingt ans qui vont venir, publie dix-sept ouvrages formant trente-six volumes, fait jouer deux pièces de théâtre, dirige un théâtre d’amateurs, fonde une revue, les Causeries du monde, et collabore à maints journaux et revues ; une vraie carrière d’homme de lettres. Delphine marche délibérément, et plus glorieusement, sur ses traces.

Une évolution se dessine dans leurs relations parmi les gens de lettres et les artistes. Peu à peu, les anciens amis de sa mère vieillissent, quelques-uns disparaissent. Ils vieillissent surtout au point de vue littéraire. Delphine se rapproche de la jeune génération, et déjà manifeste sa tendance à n’admettre dans son intimité que les plus grands, ceux dont les noms domineront le siècle. Son talent même évolue. On ne s’en aperçoit pas encore dans les œuvres qu’elle publie, mais son originalité

  1. Marin : Histoire de la vie et des ouvrages de monsieur de Chateaubriand, Paris, 1832, deux volumes in-8°, II, 133. — Turquan : Madame Récamier, p. 349. — Lettre de Ballanche à Mme Lenormant, dans Mme Récamier, Souvenirs et Correspondances, p. 278. — Revue de Paris, 1829, I, 248.