Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/30

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faction, dans la mesure où elle n’avait à craindre aucune désillusion. Certainement, Mme Labarre m’apportait un reflet de ce que fut Mme de Girardin, un peu de l’air qui flottait autour d’elle. Elle en subit l’influence, elle l’admira, elle l’aima, elle la prit pour modèle. Elle partagea ses goûts en littérature et en art. Elle s’enthousiasma pour les mêmes génies. Sa beauté blonde supporta sans faiblir le voisinage de la tenture vert clair, redoutable aux teints de brunes, du salon où brilla la beauté blonde de Delphine.

Et peut-être, dans les correspondances où l’encre a pâli sur les papiers jaunis, dans les mémoires où le jeu des passions personnelles et celui des intérêts ont pu mettre un masque au visage de la Vérité, dans les colonnes des journaux où les contemporains ont hâtivement jeté des notations d’actualité, des allusions dont nous ne pénétrons le sens qu’à grand renfort d’érudition, peut-être les conversations de ma vieille amie m’auront-elles permis de retrouver, plus vivantes, les figures attirantes de ces fantômes évanouis, dont à près d’un siècle de distance le charme ne cesse de nous subjuguer.