Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/316

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gnement mutuel, où il fera instruire plusieurs enfants à ses frais.

D’autre part, les barricades ne favorisent guère la vente du Moqueur amoureux, le nouveau roman de Sophie Gay. Du fond de sa province, Edmond Géraud le qualifie de bavardage de salon ; la douce Marceline en parle dans un billet à des amis communs, M. et Mme Paul de Nérac. « Mme Gay m’a envoyé avec beaucoup de grâce et de politesse son roman du Moqueur. Pour spirituel, oui ! mais pour amoureux… c’est toujours elle, brillante, fine, émue, et charmante à lire. »

Bien que la révolution de Juillet ne soit pas faite pour améliorer leur sort, les deux femmes l’accueillent bien. Au fond, elles n’ont jamais cessé d’être libérales, en dépit de leurs relations aristocratiques. Les jeunes enthousiastes qui applaudissaient Delphine à la première représentation d’Hermani, ce sont les Jeune France, républicains et bonapartistes ; ils arborent le gilet rouge, par contraste avec les carlistes qui arborent le gilet vert, tandis que les saint-simoniens le préfèrent bleu. Delphine, à l’unisson des libéraux, écrit le Serment, hommage aux trois Écoles, poème qui paraît dans un petit in-douze au titre encadré d’un triple filet, bleu, blanc et rouge, le Momus de la Liberté, recueil national des meilleures pièces de vers et chansons composées depuis le 27 juillet 1830. Elle y rappelle ses objurgations au roi lorsqu’à son sacre il prêta le serment qu’il n’a pas tenu, et exalte les jeunes gens qui viennent de faire la révolution : ceux-là ont l’avenir devant eux, ils sont purs, ils n’ont pas servi les