Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/36

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sur parole[1]. Sophie de La Valette reçoit de cette poétesse une solide instruction, que le chevalier de Boufflers et le vicomte de Ségur complètent heureusement par des leçons de littérature et surtout de goût. Parmi les familiers de son père, elle voit encore Vergennes et Alexandre de Lameth.

Elle monte à cheval, et devient une écuyère consommée ; elle joue au billard, elle danse dans la perfection[2]. Ses parents aiment les arts et se passionnent pour la musique : un beau jour, sa mère lui découvre une voix et des dispositions musicales. On décide de lui donner des maîtres. Or son père, picciniste fervent, choisit l’Impérani, célèbre professeur italien qui a horreur de Glück ; sa mère, de goût radicalement opposé, la confie à Richer, qui a l’honneur d’enseigner la reine. Quand son père est absent, la jeune fille s’enroue à chanter Alceste, dont les notes élevées et soutenues la fatiguent. Mais son père a rencontré Piccini ; il le ramène dîner ; après le repas, Sophie ne peut évi ter de chanter les grands airs de Didon. Il lui faut inventer un prétexte pour expliquer la faiblesse de sa voix, son manque de respiration : pour rien au monde elle n’en avouerait la véritable cause, et sa mère lui lance un regard chargé de reconnaissance[3]. Candeille et Méhul lui apprennent la composition. Pour le piano, le vicomte de Ségur découvre l’oiseau rare qui le lui enseignera : un jeune Allemand, Steibelt, que ses excentricités ont mis fort à la mode,

  1. Th. Gautier : Portraits contemporains, Paris, 1874, in-12, p. 20.
  2. Ibid., p. 31.
  3. Sophie Gay : Salons célèbres, Paris, 1837, in-8°, p. 241.