Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/71

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le voir « tirer parti de cette excuse pour une femme de se faire imprimer », lui fit savoir par l’intermédiaire d’un ami commun que sa mère avait écrit ce roman dans le but de venir en aide à ses oncle et tante à la mode de Bretagne, les Blottefière de La Viéville, rentrant d’émigration sans ressources, dans un moment où elle était aussi pauvre qu’eux. Le renseignement est inexact. D’une part, « dame Blottefière de La Viéville » figure comme marraine au baptême d’Euphémie Liottier, le 21 novembre 1798, de sorte qu’à l’apparition du roman, elle était en France depuis au moins quatre ans ; d’autre part, la notice consacrée à Sophie Gay en tête de sa comédie, le Marquis de Pomenars, et confirmée par une phrase du vicomte de Ségur, dit formellement : « Elle avait composé pour elle-même, sans aucune espèce de dessein de passer pour auteur, un roman intitulé Laure d’Estell. Le célèbre chevalier de Boufflers lui en ayant dérobé le manuscrit, le fit imprimer d’accord avec son mari même, en 1800 (1802), chez Pougens, leur ami commun, et à l’insu de Mme Gay ; Chénier a donné les plus vifs éloges à l’idée principale sur laquelle est fondée cette charmante production. » Il est possible que, le roman édité, Sophie Gay en ait abandonné le produit à ses parents de Blottefière ; on trouvera dans sa succession un éventail donné par Marguerite de Valois à sa grand’tante la marquise de Blottefière : peut-être le reçut-elle à titre de remerciement.

Marie-Charles-Joseph, chevalier de Pougens, qui l’éditait, ami de Gay et de Boufflers, n’était pas un