Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/77

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tenté de se demander, comme le fermier de Mme Denys : « Messieurs, lequel de vous deux est madame ? » Une note de bas de page explique ce mot : « Mme Denys, qui était fort laide, étant au lit avec M. Duv… qu’elle avait épousé après la mort de son oncle, M. de Voltaire, on introduisit dans sa chambre un paysan qui lui apportait de l’argent ; à la vue de ces deux têtes, il ne sut à qui parler : « Messieurs, leur dit-il, lequel de vous deux est madame ? »

Avec une prudente réserve, les journalistes s’en sont tenus aux généralités : Verax Lebourru entre dans le détail pour justifier sa sévérité. La narration est fastidieuse, le début vide, l’intrigue pauvre et commune, le ton inconvenant. « Citoyen Ségur jeune, vous, arbiter elegantiarum, dites-nous si c’est ainsi qu’on écrit et qu’on parle dans la bonne compagnie où vous avez vécu ? » Le style est diffus, lâche, traînant, sans expression et sans couleur, il fourmille d’incorrections et de locutions bourgeoises. Et l’auteur de la lettre termine en affirmant qu’elle lui est dictée par la plus grande impartialité.

Deux jours plus tard, le Journal de Paris insère la lettre d’un anonyme qui se jette au travers de la querelle, dans le seul but de dénigrer un Voyage au Mont-d’or par l’auteur du Voyage à Constantinople, Salaberry. Mais le 15 prairial (4 juin), nouvelle lettre, adressée « à Mme X…, auteur du roman de Laure d’Estell. — Madame, vous n’exigerez sûrement pas que je remplisse à la rigueur les engagements que j’ai pris avec vous au sujet de la seconde