Page:Manifeste du Club national démocratique, 1849.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rencontrer nulle part. La création de l’imprimerie, levier d’Archimède du monde moral, trouva son point d’appui dans les masses sociales ; et dès-lors le monde fut soulevé et régénéré. La noblesse féodale tomba rapidement et devint de moins en moins puissante dans l’État, tandis que le peuple reconnut enfin qu’il était la véritable base et le principal soutient de la société. La liberté d’examen en politique et en religion, vint saisir aux entrailles cette société du moyen-âge qui avait outrepassé son temps, et qui devenait par trop lourde pour le peuple et les consciences des hommes.

L’impulsion était donnée ; les communes s’affranchissaient peu à peu, et les rois commençaient à s’appuyer un peu plus sur leurs armés et féaux sujets, pour se débarrasser de leurs beaux et bien aimés cousins, les hauts barons qui sans égards pour la tendresse et l’amitié de leurs suzerains les soumettaient souvent à leurs rudes caprices et volontés.

Cette alliance tacite du peuple et de la couronne produisit la puissance du tiers-état, ébauche du gouvernement représentatif moderne. C’est alors que l’on voit l’humanité se modifier profondément ; le peuple serf se souleva sur le coude, et jeta à l’horizon encore sombre un de ces regards qui devinent de pures et chaudes clartés derrière l’humide brouillard de la tempête. Les hommes du peuple avaient dit : croisade éternelle pour la conquête de nos droits ; dès lors toutes les forces sociales furent dirigées constamment vers le saint berceau