Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/136

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décrépitude : leur aspect m’emplit d’amertume et de répulsion.

Les courtisanes devraient mourir jeunes. La vieillesse d’une honnête femme — bajoues tombantes, taille déformée, ventre flasque dilaté par les maternités successives — est touchante et risible comme une caricature de Léandre. Mais, la vieillesse des filles a quelque chose d’obscène ; cette graisse impure accumulée en couches blanches et molles sur toutes les parties où la femme est le plus femme — seins, croupe, cuisses — on dirait que c’est de la crasse de vice que la débauche y déposa, année par année ; ou bien cette maigreur plâtrée, fardée, barbouillée de maquillage, des alcooliques dont le poison des nuits d’orgie a desséché la carcasse étique… Oh ! Figures hideuses de jouisseuses usées, de noceuses avachies, comme Rops ou Toulouse-Lautrec en eussent dessiné sur les murs d’un lupanar… Certes, les courtisanes devraient finir avec leur beauté. Du reste, plusieurs, parmi celles qui sont ici, portent sur leur visage excédé, exténué, le renoncement à vivre laides, l’annonce d’une fin prochaine paraphée par les premières rides… Quand on est très, très âgé, on meurt