Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/234

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chère amie, ce fut une scène de haute comédie : Colin n’eut qu’à ouvrir la bouche pour changer ces loups en agneaux ; trois phrases suffisaient à les adoucir ; un discours les reconquit et la conclusion les enthousiasma… Bref, Landry avait retrouvé ses actionnaires fanatiques grâce à son éloquence habituelle. Il possède de véritables dons d’orateur ; son auditoire est convaincu moins par ses arguments que par son organe même : on se laisse bercer au charme de son verbe comme aux sons d’une musique persuasive… C’est une belle chose que la parole !

Je ricane amèrement d’entendre Paul faire cet éloge de Landry Colin. Le banquier conserve sa physionomie fermée, butée ; on dirait qu’il n’a rien compris. Paul s’avise enfin de son attitude et l’attribue aux préoccupations :

— Oui, mon cher Colin, il nous reste encore une rude tâche et vous ne vous hâtez point de chanter victoire… Bah ! ne nous frappons pas. Nos adversaires s’entortilleront dans leurs propres filets, à force de mensonges… Chaque jour, ils lancent quelque nouvelle invention… Quelle est cette histoire de femme qu’ils font circuler, depuis hier, pour irriter Léon Bro-