Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chard contre nous en lui insinuant que le potin est parti de notre journal ?

Je regarde Landry Colin. Lentement, le banquier relève ses paupières, découvre ses yeux volontaires, ses yeux durs, où brille une pupille ardente. Il avance la tête avec un geste élégant et perfide de félin gracieux, et questionne, paisible :

— Savez-vous que c’est de Nicole qu’il s’agit ?

— Oui, dit Paul ; admirez-vous, mon cher, cet art de la calomnie à transformer un geste de dévouement en aventure équivoque ? C’est pour nous, pour le ramener dans notre camp, que Nicole a tenté de séduire Léon Brochard… puis, s’est arrêtée, au milieu de son entreprise, sa pudeur de femme se révoltant contre cette démarche. Et c’est cette folie généreuse — que Nicole a risquée à l’instant où j’étais trop désemparé pour intervenir — dont on se sert aujourd’hui, en la présentant sous l’aspect d’une gauloiserie chansonnée dans les cabarets montmartrois !

(Bienfait du quiproquo : Paul, ignorant ma première visite chez Brochard, croit la seconde objet de tous les commérages.)

— Je suis furieux, continue Paul : aussi, la