Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vie de Paris leur ménage un de ces abatages…

La mine déconfite de Landry m’égaye un instant. Rosse, va ! Je lui adresse une grimace de rancune, bientôt changée en crispation douloureuse… Mes névralgies augmentent… Que cette migraine me fait souffrir ! Des zigzags de feu traversent ma cervelle, éblouissent ma vue…Il me semble que j’ai un orage dans la tête.

J’ai eu trop de mal, tous ces temps-ci. La lâcheté, la méchanceté des gens m’ont trop souvent éprouvée. Comme leur âme est une chose laide dès qu’un conflit d’intérêts la met à nu. Leur civilisation est une des formes de l’hypocrisie : pourquoi portent-ils des vêtements corrects, des gants ; pourquoi saluent-ils, le sourire aux lèvres, avec des paroles douces, polies, qui nous font croire à leur affection ?… Puisque à la première bataille, à la vue de l’or — cette proie moderne qui remplace la chair saignante que se disputaient les primitifs — ils redeviennent les bêtes ancestrales, ardentes au combat, âpres à la curée. Leurs crocs s’entre-déchirent, les ongles se griffent… Ils ont oublié l’entrave des gants et du sourire…