Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/265

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faveurs qu’il aspire à glaner sur mon passage… Décidément, le monde me dégoûte, Paul. Je voudrais me sauver dans un trou, y vivre seule avec toi et perdre le souvenir de toutes les âmes, à commencer par la mienne.

— Ta fièvre du mois dernier t’a laissé un peu de neurasthénie… Sois raisonnable… Nicole : songe à la position où m’a placé l’Affaire Colin. Nous ne devons pas nous sauver, pour le moment, parce qu’en effet, ce serait : se sauver… À certaines heures, le mot : départ, se prononce : fuite… Je réaliserai ton désir plus tard : j’accepte de filer — non de me défiler. On prétendrait que je suis l’exemple de Brochard en lâchant Colin au tournant dangereux… Je peux rester fidèle à mes amis, moi : je n’ai jamais été ministre. Patiente, ma Nicole…

Je me serre contre lui ; l’étreinte de ses bras protecteurs me réconforte à cet instant où je suis désemparée… Je l’aime mieux et je l’estime moins, en le découvrant plus proche de moi que je ne croyais, aussi blâmable, aussi facile… N’a-t-il point souri, lorsque j’ai rougi ? Maintenant, je ne me reproche rien à son égard : il ne s’est pas montré assez sévère pour béné-