Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ficier de mes remords. Mais, une grande tendresse me rapproche de cet égal. Nos cœurs faillibles d’êtres moyens battent à l’unisson d’une même faiblesse…

Paul questionne :

— À quoi penses-tu ?

Il est difficile de répondre franchement. Je me décide à dire la moitié de la vérité — ce qui est la meilleure manière de mentir — et je réplique :

— Je pense que les amants heureux sont bien à plaindre, parce qu’ils ne connaissent pas le degré de leur attachement. Il faut passer des heures pénibles pour se sentir profondément unis.

Paul m’attire à lui d’un geste affectueux, il est ému : j’ai glissé ma phrase ainsi qu’une pièce douteuse… Il n’en a pas vu le côté pile.

Un peu plus tard. Au salon. Nadine Ziska m’a rendu visite. Tandis que la danseuse papote avec sa grâce sautillante et pétillante d’oiseau bavard, Paul fume une cigarette, adossé à la cheminée, et nous examine tour à tour.