Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/279

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Oh ! Oh ! Mais voilà un masque froidement impérieux qui ne répond guère au portrait de Nadine… Et que ce journaliste correct, sec, guindé, me rappelle peu notre brave Robert Valin, son laisser-aller, ses yeux égrillards et sa bouche sensuelle… Ma jeune Polonaise n’est guère perspicace : son rapport inexact m’a bernée d’une espérance inutile ! Jamais cet homme pincé ne trahira les secrets de son maître : je ne le vois point bavard, bon garçon, ami des franches lippées, moi… Sotte Nadine Ziska !

— Bonjour, ma petite chérie…

M. Yves s’approche de Nadine, lui pince familièrement les joues. La danseuse me désigne :

— Nicole, une amie à moi.

Pour mieux me regarder, le journaliste retire son monocle. Je puis apercevoir enfin l’eau verdâtre de ses prunelles. Il me fixe longuement, curieusement, me déshabillant du haut en bas ; puis, questionne d’une voix traînante :

— Nicole… Est-ce bien vous, mademoiselle, qui portez un nom de soubrette de jadis pour mener l’existence somptueuse d’une petite souveraine d’aujourd’hui ?