Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/280

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— Parfaitement, monsieur… C’est afin de prouver, qu’à trois siècles de distance, je n’ai fait que changer de servitude.

M. Yves persiste à vriller ses yeux dans les miens. Il poursuit, plus animé :

— On m’a dit que vous possédez un hôtel fastueux et beaucoup d’esprit… J’ai admiré l’hôtel un jour en passant avenue des Champs-Élysées… Je suis enchanté, ce soir, de pouvoir apprécier l’esprit…

Le voilà dégelé. Il commence à me produire une impression différente. Nadine se mêle à la conversation :

— Yves… Nous venons te demander deux fauteuils… Nous voulons aller à la générale de la Comédie-Parisienne.

M. Yves me jette un coup d’œil furtif, et propose presque timidement :

— J’ai une baignoire… Si vous acceptiez ma compagnie, je me permettrais de vous inviter à dîner : nous passerions la soirée ensemble ?

— Comment donc : es-tu bête ! Pourquoi fais-tu toutes ces manières ? s’exclame Nadine.

Je ne réponds pas immédiatement, tant j’ai peur de ne savoir dissimuler ma joie. Je finis par murmurer d’un accent étouffé :