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Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/185

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(26) Derrière ces derniers sont les Cimmériens, habitants du Bosphore. Là se trouvent plusieurs villes milésiennes, et Panticapée leur métropole, qu’arrose l’Hypanis, alors grossi des tributs de nombreux affluents.

(27) Au-delà, mais à de grandes distances, des tribus d’Amazones habitent les deux rives du Tanaïs, et s’étendent jusqu’à la mer Caspienne. Ce fleuve prend sa source dans les rochers du Caucase, et vient se perdre dans le Palus- Méotide, formant, par son cours sinueux, la limite réciproque de l’Europe et de l’Asie.

(28) Non loin de là coule la rivière de Ra, sur les bords de laquelle croît une racine du même nom, d’un emploi fréquent en médecine.

(29) Au-delà du Tanaïs s’étend indéfiniment la contrée des Sarmates, arrosée de fleuves sans nombre, tels que le Maracque, le Rhombite, le Théophane, et le Totordane. Quoique séparée de cette région par une énorme distance, une autre nation prend également le nom de Sarmate. Celle-ci habite les bords de la mer, où le Corax décharge ses eaux.

(30) Bientôt l’on découvre l’ample contour du Palus-Méotide, qui tire de ses veines abondantes et verse dans l’Euxin, par le détroit de Patare, une masse d’eau considérable. Sur la droite du lac sont les îles Phanagore et Hermonasse, civilisées par les soins des Grecs.

(31) Plus loin, et sur ses rives les plus reculées, habitent une foule de tribus, différentes de mœurs et de langage ; les Ixomates, les Méotes, les Iazyges, les Roxolans, les Gélons et les Agathyrses, chez lesquels abonde le diamant. On rencontre encore des peuplades au-delà, mais en s’enfonçant tout à fait dans les terres.

(32) La Chersonèse est sur la gauche du Palus-Méotide. Elle est remplie de colonies grecques. Aussi les habitants en sont-ils doux et pacifiques ; ils s’adonnent à l’agriculture, et vivent de ses produits.

(33) Une faible distance les sépare de la Tauride, partagée entre les diverses tribus des Ariques, des Sinques et des Napéens, toutes également redoutables par la barbarie invétérée de leurs mœurs. C’est au point que la mer qui les baigne en a reçu l’épithète d’inhospitalière. Mais les Grecs, par antiphrase, l’ont nommée le Pont-Euxin ; de même qu’ils appellent G-euêthês un fou, G-euphronê la nuit, et G-eumenides les Furies.

(34) Ces peuples immolent des victimes humaines. Ils sacrifient les étrangers à Diane, qu’ils appellent Orsilochè, et suspendent les crânes de leurs victimes aux parois des temples, comme le plus glorieux des trophées.

(35) Leucé, île inhabitée et consacrée à Achille, est une dépendance de la Tauride. Les voyageurs que le hasard y jette visitent ses temples, et contemplent les offrandes faites en l’honneur du héros, mais regagnent vers le soir leurs navires ; car c’est risquer sa vie, dit-on, que d’y passer la nuit. Il y a dans l’intérieur des lacs peuplés d’oiseaux blancs, du genre des alcyons. Nous parlerons plus tard de leur origine, et des combats qu’ils se livrent sur l’Hellespont.

(36) La Tauride possède aussi des cités, parmi lesquelles on distingue Eupatorie, Dandace, Théodosie, et autres de moindre importance, qui ne furent jamais souillées de sacrifices humains.

(37) Là se termine le sommet de l’arc. Parcourons dans l’ordre des lieux le reste de sa courbure légère de ce côté, et opposée au signe de l’Ourse,