Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/201

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Chapitre I

(1) Je passe sous silence quelques détails de peu d’intérêt pour arriver au quatrième consulat de Julien, qui se donna pour collègue Salluste, préfet des Gaules. On trouva singulier qu’il s’adjoignît un homme de condition privée. C’était en effet le seul exemple qu’on pût citer de pareille circonstance depuis le consulat de Dioclétien et d’Aristobule.

(2) Julien continuait de presser ses armements avec ardeur ; son impatience allait au-devant des obstacles ; et ce génie, qui embrassait tout, concevait au même moment la pensée d’une œuvre monumentale capable d’éterniser le souvenir de son règne. Il voulait relever, sur le plan le plus extraordinairement somptueux, ce magnifique temple de Jérusalem, qu’après une série de combats meurtriers livrés par Vespasien, Titus avait enfin enlevé de vive force. Il chargea de ce soin Alypius d’Antioche, qui avait administré la Bretagne comme lieutenant des préfets.

(3) Alypius, bien secondé par le correcteur de la province, poussait en conséquence les travaux avec vigueur ; quand soudain une éruption formidable de globes de feu, qui s’élancèrent presque coup sur coup des fondements même de l’édifice, rendit la place inaccessible aux travailleurs, après avoir été fatale à plusieurs d’entre eux ; et ce prodige se renouvelant chaque fois qu’on revint à la charge, il fallut renoncer à l’entreprise.

(4) Julien reçut vers le même temps une députation de la ville éternelle. On avait choisi des hommes de haute naissance et du mérite le plus recommandable. Tous reçurent de lui l’investiture de quelque dignité importante : il fit Apronien préfet de Rome, Octavien proconsul d’Asie, confia la lieutenance d’Espagne à Vénuste ; et la succession à la charge de son oncle Julien, comte d’Orient, fut dévolue à Aradius Rufin.

(5) Ces promotions furent marquées de deux circonstances de funeste présage, que l’événement ne vérifia que trop : Félix, trésorier des largesses, mourut subitement d’une hémorragie, et le comte Julien l’avait suivi de près ; ce qui donnait lieu à de sinistres remarques quand on lisait cette inscription sur les effigies du prince : "Felix, Julianus Augustusque".

(6) Ce pronostic avait été précédé d’un autre