Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/657

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celle des hastats, pourvue des mêmes armes. Cette seconde ligne se formait à la droite par la sixième cohorte, et la septième se plaçait de suite. La huitième cohorte occupait le centre, suivie de la neuvième ; la dixième cohorte fermait toujours la gauche, dans la seconde ligne[1].

§ 12. C’est une règle constante, décomposer le premier rang de soldats anciens et exercés, qu’on appelait autrefois princes. On place au second rang les fantassins bien cuirassés, et d’excellents soldats armés de javelots (spiculis) ou de lances, et nommés autrefois hastats. L’intervalle d’un rang à un autre fut réglé à six pieds, afin que les combattants pussent facilement avancer ou reculer, et donne ; aux traits l’impulsion plus forte qui résulte du bond et de la course. Ces deux rangs sont composés de soldats munis d’armes pesantes, et auxquels l’âge et l’expérience inspirent de la confiance : ils ne doivent ni reculer devant l’ennemi ni le poursuivre, de peur de troubler les rangs ; mais, comme un mur inébranlable, soutenir son choc et le repousser ou le mettre en fuite, en le combattant de pied ferme. Vient ensuite le troisième rang, formé des soldats les plus légèrement armés, de jeunes archers, de bons frondeurs, qu’on appelait anciennement férentaires. Le quatrième ordre est composé des gens de bouclier les plus lestes, des plus jeunes archers, et de soldats dressés à se servir de dards ou de martiobarbules, dites plombées. On les nommait les légèrement armés. Tandis que les premiers rangs demeurent à leur poste, le troisième et le quatrième se portent au delà du front de l’armée, et provoquent l’ennemi avec leurs armes de jet et leurs flèches. S’ils peuvent le mettre en fuite, ils le poursuivent eux-mêmes, soutenus par la cavalerie ; si au contraire ils sont repoussés, ils se replient sur la première et la seconde lignes, et regagnent leur poste par les intervalles de ces deux lignes ; et alors cette première et cette seconde lignes soutiennent tout le choc, dès qu’on en est venu à la grande épée (spathe) et au javelot ou pilum, comme on l’appelle. On formait le cinquième rang de balistaires (soldats servant les balistes), de frondeurs [de tragulaires, soldats armés du javelot nommé tragula], et de fustibulateurs, qui se servent, pour lancer des pierres, de l’espèce de fronde appelée fustibale sorte de fronde attachée à un bâton). La fustibale est un bâton (fustis) de quatre pieds de long, au milieu duquel on attache une fronde en cuir, qui recevant des deux mains une impulsion violente, lance de grosses pierres presque aussi loin que l’onagre. Le sixième rang, après ceux-là, était composé de soldats bien éprouvés, couverts de boucliers, et pourvus de toutes sortes d’armes offensives et défensives : on les appelait autrefois triaires. Ils avaient coutume de se tenir sur les derrières de l’armée, afin de tomber plus vigoureusement sur l’ennemi avec des forces fraîches et entières : car s’il arrivait quelque échec aux premières lignes, c’est sur eux que reposait tout l’espoir de le réparer[2].

§ 13. Tous les porte-enseignes (signarii), quoique gens de pied, avaient des demi-cuirasses, et des casques couverts de peaux d’ours avec le poil, pour se donner un air plus terrible. Les centurions avaient des cuirasses ou cottes d’armes complètes, des boucliers et des casques de fer, surmontés dans tout leur contour d’aigrettes attentées, pour être plus facilement reconnus de leurs soldats[3].

  1. Voy. Vegèce, l. II. c. xv.
  2. Voy. Végèce, l. III, c. xiv.
  3. Voy. Végèce, l. II, c. xvi.