Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/708

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de chaque travailleur avec des perches de dix pieds, afin que tous fouillent également et sur les mêmes proportions : ceux des tribuns qui sont attachés à leur devoir ne perdent pas de vue cet ouvrage jusqu’à ce qu’il soit fait. Pendant ce temps-là, toute la cavalerie et la partie de l’infanterie qui, par ses grades, est dispensée du travail, sont en bataille à la tête de l’ouvrage, afin de couvrir les travailleurs en cas d’attaque. Dès que le camp est retranché, on commence par y piquer les enseignes, afin de les mettre en sûreté, comme tout ce qu’il y a de plus respectable pour le soldat. Sitôt après, on dresse la tente du général et de ses principaux officiers ; ensuite celle des tribuns, auxquels des soldats, commandés de chaque chambrée, portent l’eau, le bois, le fourrage ; puis on marque un certain espace pour les tentes de chaque légion et pour celles des troupes auxiliaires, tant cavalerie qu’infanterie, selon leur rang. On commande quatre cavaliers et quatre fantassins par centurie, pour la garde du camp pendant la nuit ; et comme il est presque impossible que le même homme reste en vedette ou en sentinelle toute la nuit, on la partage à la clepsydre, en quatre parties, depuis six heures du soir jusqu’à six heures du matin, de sorte que chaque veille ne soit que de trois heures : on pose les gardes au son de la trompette, et on les relève au son du cornet. Les tribuns choisissent des gens de confiance pour visiter les postes, et leur rendre compte des manquements de service qui ont pu avoir lieu. On les appelait autrefois circuitores. On en a fait de nos jours un grade militaire, et on les appelle circitores, officiers de ronde. Il est bon, outre cela, de placer à la tête du camp une garde de cavalerie, pour les patrouilles de la nuit. A l’égard des corvées, qui roulent sur les cavaliers, il faut que les uns marchent le matin, les autres l’après-midi, afin de ménager les hommes et les chevaux. Un général doit avoir attention, soit en campagne, soit en garnison, que la pâture, le fourrage, le blé, l’eau, le bois, en un mot tout ce qui s’appelle subsistances, soit hors des insultes des ennemis ; ce qui ne peut se faire qu’en disposant sur la route de vos convois des détachements pour les défendre, soit dans les villes, soit dans des châteaux forts : si vous n’êtes pas à portée d’un lieu déjà fortifié, il faut construire à la hâte, dans les positions les plus avantageuses, de petits forts défendus par de larges fossés. C’est du terme castra qu’on a composé le diminutif castella. On y poste une garde d’infanterie et de cavalerie, qui assure le passage des convois ; car un ennemi ose rarement approcher de ces petits forts, quand il se sait exposé à être pris soit en tête, soit en queue.

chapitre ix.
De ce qu’il faut considérer pour décider si l’on doit combattre pur surprise et par ruse, ou à force ouverte.

Ceux qui daigneront lire cet ouvrage, qui n’est qu’un abrégé des meilleurs auteurs militaires, désireront assez naturellement d’arriver au moment du combat, et d’en apprendre les règles ; mais comme ce combat se décide ordinairement en deux ou trois heures, après quoi le vaincu