Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/725

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vailler de concert avec lui contre vous-même. De même, ce que vous aurez fait pour vous sera contre lui, s’il veut l’imiter.

Plus vous aurez exercé et discipliné le soldat dans les quartiers, moins vous éprouverez de mauvais succès à la guerre.

N’exposez jamais vos troupes en bataille rangée, que vous n’ayez tenté leur valeur par des escarmouches.

Tâchez de réduire l’ennemi par la disette, par la terreur de vos armes, par les surprises plutôt que par les combats ; parce que la fortune en décide plus souvent que la valeur.

Il n’y a point de meilleurs projets que ceux dont on dérobe la connaissance à l’ennemi jusqu’au moment de l’exécution.

Savoir saisir les occasions, est un art encore plus utile à la guerre que la valeur.

Détachez le plus d’ennemis que vous pourrez de leur parti, recevez bien ceux qui viendront à vous ; car vous gagnerez plus à débaucher des soldats à l’ennemi, qu’à les tuer.

Il vaut mieux avoir plus de corps de réserve derrière l’armée, que de trop étendre son front de bataille.

Celui qui juge sainement de ses forces et de celles de l’ennemi, est rarement battu.

La valeur l’emporte sur le nombre.

Mais une position avantageuse l’emporte souvent sur la valeur.

La nature produit peu d’hommes courageux par eux-mêmes ; l’art en forme un plus grand nombre.

La même armée qui acquiert des forces dans l’exercice les perd dans l’inaction.

Ne menez jamais à une bataille rangée des soldats qui vous paraissent espérer la victoire.

La nouveauté étonne l’ennemi ; les choses communes ne font plus d’impression.

Qui laisse disperser ses troupes à la poursuite des fuyards, veut céder à l’ennemi la victoire qu’il avait gagnée.

Négliger le soin des subsistances, c’est s’exposer à être vaincu sans combattre.

Si vous l’emportez sur l’ennemi par le nombre et la valeur, vous pouvez disposer votre armée en carré long ; c’est le premier ordre de bataille.

Si, au contraire, vous vous jugez le plus faible, attaquez par votre droite la gauche de l’ennemi ; c’est le second ordre.

Si vous vous sentez très-fort à votre gauche, faites-la tomber sur la droite ennemie ; c’est le troisième ordre.

Si vos ailes sont également fortes, ébranlez les deux en même temps ; c’est le quatrième ordre.

Si vous avez une bonne infanterie légère, ajoutez à la disposition précédente la précaution d’en couvrir le front de votre centre ; c’est le cinquième ordre.

Si, ne comptant ni sur le nombre ni sur la valeur de vos troupes, vous vous trouvez dans la nécessité de combattre, chargez par votre droite, en refusant à l’ennemi toutes les autre parties de votre armée. Cette évolution, qui décrit la figure d’une broche, fait le sixième ordre.

Ou bien couvrez l’une de vos ailes d’une montagne, d’une rivière, de la mer, ou de quelque autre retranchement, afin de pouvoir transporter plus de forces à votre aile découverte ; c’est le septième ordre.