Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/726

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Selon que vous serez fort en infanterie ou en cavalerie, ménagez-vous un champ de bataille favorable à l’une ou à l’autre de ces armes ; et que le plus grand choc parte de celle des deux sur laquelle vous compterez le plus.

Si vous soupçonnez qu’il y ait des espions qui rôdent dans votre camp, ordonnez que tous vos soldats se retirent sous leurs tentes avant la nuit ; les espions seront bientôt découverts.

Dès que vous saurez l’ennemi informé de vos projets, changez vos dispositions.

Délibérez en plein conseil ce qu’il serait à propos de faire. Délibérez avec un petit nombre de gens de confiance ce qu’il serait encore mieux qu’on décidât seul.

La crainte et les châtiments corrigent les soldats dans leurs quartiers. En campagne, l’espérance et les récompenses les rendent meilleurs.

Les grands généraux ne livrent jamais bataille, s’ils n’y sont engagés par une occasion favorable, ou forcés par la nécessité.

Il y a plus de science à réduire l’ennemi par la faim que par le fer.

Il y aurait plusieurs préceptes à donner sur la cavalerie ; mais comme ce corps se distingue aujourd’hui par le choix des armes, par l’exercice des cavaliers et par la bonté des chevaux, il vaut mieux, ce me semble, tirer ces préceptes de l’usage présent que des livres.

Que l’ennemi ne sache point de quelle façon vous comptez l’attaquer, de crainte que ses précautions ne trompent vos meilleures mesures.

ÉPILOGUE.

Voilà, en abrégé, empereur invincible, ce que les écrivains militaires les plus distingués nous ont laissé de préceptes pratiqués dans différents temps, et confirmés par les expériences. Les Perses admirent votre dextérité à tirer les flèches ; les Huns et les Alains voudraient en vain imiter votre adresse et votre bonne grâce à manier un cheval ; le Sarrasin et l’Indien n’égalent pas votre légèreté à la course ; les maîtres d’escrime eux-mêmes tiennent à honneur de comprendre une partie de ce que vous exécutez. Quelle gloire pour votre Majesté de joindre les règles de la tactique, l’art de combattre et la science de vaincre, à tous ces nobles exercices ; de réunir ensemble, au même point de perfection, la capacité et la valeur, et de montrer à tout votre empire que vous savez faire également le devoir de soldat et de général !