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Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/777

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quelquefois eux-mêmes l’usage. C’est ainsi qu’on voit, dans quelques endroits de ces deux colonnes, l’empereur lui-même et ses officiers en hauts-de-chausses ; et il n’est pas étonnant qu’ils, aient pareillement accordé aux centurions et aux vétérans le privilège d’en porter. Dans la suite, on se familiarisa, à Rome même, avec les hauts de chausses ; et Lampride dit d’Alexandre Sévère (ch. 40), qu’il en avait porté de blancs, en place de rouges, qui avaient été à la mode de temps de ses prédécesseurs. Mais, quoiqu’on en ait fait assez fréquemment usage dans les temps suivants, les soldats des légions conservèrent, longtemps encore, l’ancien vêtement ; et on ne découvre pas dans les figures de l’arc de Sévère que les légionnaires aient pour lors déjà porté des culottes. — En réfléchissant sur l’habillement du soldat romain, on le trouvera sans doute étrange, et bien contraire à nos mœurs. Ce fut la force de l’habitude qui les plia à avoir les bras et les pieds presque nus, sans en être incommodés, et qui les mit en état de se passer de culottes, en ne se couvrant, depuis les reins jusqu’aux genoux, que des pans de leurs habits. On avouera encore que des soldats destinés à joindre l’ennemi, et à ne se battre qu’à l’arme blanche, ne pouvaient être ni armés plus avantageusement, ni vêtus plus lestement qu’ils l’étaient. Les membres exposés à l’air devaient être toujours agiles et vigoureux. Ils l’auraient été moins s’ils avaient été enveloppés dans des étoffes, et gênés par toutes sortes de liens et de jarretières. Cette cuirasse, qui semble être si pesante, ne l’était pas de la manière dont on l’ajustait. D’ailleurs, comme on faisait on grand usage de ces armures, les artisans de ces temps en fabriquaient d’une légèreté étonnante, sans leur faire perdre de leur solidité. On présenta au roi Démétrius deux de ces armures complètes, toutes faites de fer, dont chacune ne pesait pas plus de quarante livres (ce qui revient à trente et une des nôtres). Lorsqu’on les essaya en présence de l’artisan, elles résistèrent aux traits des petites catapultes. Il paraît assez que les cuirasses des légionnaires, dont la partie qui était de fer ou de bronze leurs couvrait la poitrine, n’avaient pas même, à beaucoup près, ce poids. » (Guischard, Mém. crit. et hist., t. II, p. 193-219.)

Disciplinæ jus et severitas, exercitio… curabatur. On a beaucoup disserté pour savoir s’il fallait exercitatio, exercitia ou exercitium, au lieu de exercitio, qui, à la fin, a prévalu ; s’il fallait lire, dans le passage correspondant de Modestus, disciplina ou disciplinam ; si severitas exercitus ne vaudrait pas mieux que severitas, exercitio, etc. Mais nous croyons notre leçon très-bonne, et nous n’adoptons même pas la correction proposée par Oudendorp, notre guide ordinaire : Disciplinæ usus et severitas exercitii… corroborabatur.

Ad præfecti laudem. Ondendorp vent qu’on tienne compte de cette leçon d’un manuscrit : ad cujusque superiorum laudem.

CHAPITRE X.

En suivant les différentes fonctions que Végèce attribue au préfet des camps, il paraît que non-seulement il était aux ordres du préfet de la légion, mais encore qu’il n’avait aucune autorité sur les officiers ni sur les soldats pour aucun commandement à la guerre. — Par la nature de ses différentes fonctions, on ne sait trop à qui le comparer. Tantôt il est comme le vaguemestre d’un régiment, tantôt ingénieur, tantôt commissaire d’artillerie, tantôt directeur d’hôpital[1] ; et tantôt il a les fonctions d’un maréchal de camp.

Ad quem castrorum positio. Bongars fait observer ici que Végèce attribue aussi aux centurions (I, 25) et aux tribuns (III, 8) l’inspection du camp ; mais on voit, en rapprochant ces passages, que Végèce ne se contredit pas : les préfets des camps choisissaient l’emplacement du camp, comme il le dit ici ; puis venaient les agrimensores (III, 8), qui le traçaient d’après les règles ; puis les tribuns et les centurions, qui inspectaient les travaux, chacun en ce qui les regardait. Post hoc a centurionibus fossa inspicitur, ac mensuratur (I, 25) : — opus hoc centuriones metiuntur, ne minus foderit, etc. — Id etiam tribuni circumeunt (III, 8).

Valli. « Vallus signifiait communément un pieu auquel on avait laissé quelques branchages, pour les entrelacer avec ceux des pieux voisins, afin que ces pieux enfoncés dans le parapet en devinssent plus difficiles à arracher. — Vallum signifiait aussi le parapet, et quelquefois tout le retranchement affermi et fortifié par ces pieux. »

Æstimatio. On lit dans quelques éditions destinatio, leçon qui est loin de valoir la nôtre : æstimare fossam, c’était déterminer la profondeur et la largeur du fossé, suivant les circonstances ; une des fonctions du préfet des camps.

Ægri contubenales. Végèce, dans on autre endroit (III, 2), met aussi cette surveillance dans les attributions d’autres officiers : ut… ægri contubernales… reficiantur… Principiorum, tribunorumque et ipsius comitis… quæritur diligentia ( III, 2).

Segmarii. C’est à Stewechius qu’on doit cette leçon, reçue dans les meilleures éditions : on lisait dans les premières : sagittarii, saginarii, saginarum. — Voy. Lampride (Elegab. 4) et Vopisque (Aurel. 7).

Quibus materies serratur. C’est ainsi qu’il faut lire, avec Stewechius, et non secatur, synonyme de cæditur. Or Végèce veut évidemment parler d’outils propres à scier et à couper le bois.

Quibus aperiuntur fossæ, contexitur vallum aquæ ductus. Ce passage a subi de fortes altérations dans les manuscrits, et Schwebelius avouait ne pas se reconnaître au milieu des variantes contradictoires qu’on y trouve, et dont voici quelques exemples : Contes situs vallum in qua ductus ; — Fossæ et aquæductus vel vallum. D’anciennes éditions portent : Fossæ circa situm valli et aquæductus, et concipitur vallum, aquæductus. Oudendorp, qui ne s’est pas mieux tiré que Schwebelius de ces difficultés, se borne à proposer les conjectures suivantes : Aperiuntur fossæ, aquæductus, contexitur vallum ; — ferramenta, etc., quibusque aperiuntur fossæ, contexitur vallum. Aquæductus item, ligna, etc., ne deessent : conjectures qui ne valent pas cette correction d’un savant : Quibus aperiuntur fossæ, consepitur vallum, aqua educitur.

Onagri. L’onagre était la même machine que les Grecs nommaient catapulte.

CHAPITRE XI.

Le préfet des ouvriers paraît n’avoir été que le lieutenant du préfet des camps, d’autant que celui-ci avait l’inspection et l’autorité sur les machines de guerre en général, conséquemment sur les gens chargés de construire les unes et de fabriquer les autres ; or, le préfet des ouvriers ayant aussi l’inspection sur eux, son autorité devait être subordonnée à celle du préfet des camps, qui avait la grande main. — Suivant le texte de Végèce, le nombre d’ouvriers de toute espèce que chaque légion menait à sa suite devait être très-considérable, et même la rendre

  1. Dans le camp décrit par Polybe, on ne voit point d’emplacement désigné pour l’hôpital. M. le Beau croit que les soldats malades ou blessés étaient soignés dans leurs tentes ; et il ajoute que « dans le camp d’Hygin, qui écrivait du temps d’Adrien, il y avait un emplacement qu’il nomme Valetudinarium (XVIIIe mémoire sur la légion).