Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/778

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pesante dans les marches par la quantité de chariots qu’il fallait à ces ouvriers, tant pour porter leurs outils que pour transporter le bois, le fer, et tous les matériaux qui leur étaient nécessaires dans les circonstances qui se présentaient Mais ce qui doit étonner, c’est qu’un peuple aussi belliqueux, el dont le premier art était celui de la guerre, et le seul, pour ainsi dire, qu’il connût, quoique très-imparfaitement, surtout dans les premiers siècles de la république, n’ait pas su donner des dénominations plus distinctes aux différents emplois tant militaires que nécessaires à une armée. Le préfet de la légion, celui des camps et celui des ouvriers, portaient le même nom, auquel on ajoutait seulement un surnom qui désignait leur emploi.

De officio præfecti fabrorum. « Cet officier, que Végèce ne comprend point entre ceux de la légion au ch. 17 de ce livre, ne commandait vraisemblablement qu’à ceux qui travaillaient aux machines et qui les servaient : il était subordonné sans doute au préfet de la légion. »

Faàros tiçnarios. Les uns ont voulu lire ici lignarios ( des menuisiers) ; les autres mettent une virgule entre fabrosei tignarios. Mais les charpentiers (fabri tignarii) étaient vraisemblablement plus nécessaires en campagne que les menuisiers ; et les mots fabri tignarii sont le plus souvent joints ensemble, comme le prouvent surtout deux inscriptions rapportées par Stewecbius daus son commentaire sur ce passage. — Au lieu de structures, des savants tienneut beaucoup à ce qu’on lise inslruciores. Il ne faut pas les contrarier pour si peu : ces deux mots siguiiient exactement la mémo chose.

Pic tores. On a voulu remplacer ce mot par pistores. Il est certain qu’on pouvait plutôt se passer de peintres que de boulangers ; mais les meilleurs manuscrits maintiennent la leçon de notre texte, et il ne s’agit d’ailleurs ici que des ouvriers qu’on employait à la construction des logements et baraques des soldats.

Qui arma… vel novafacerent, vel quassata repararent. On trouve dans Cassiodore ( Variar., 1. VU, 18 et 19, 1.1, p. 117), deux formules curieuses sur la commission donuée par l’État aux fabricants d’armes de guerre ; nous croyons qu’on ne les lira pas ici sans intérêt. 1° FORMULA DE ARMORUM FACTORIBUS.

« Considéra quod suscipis, et inlelliges locum te dare non debere peccatis. Arma enim bene construere, est salutem velle omnium custodire : quia prima facie ipsis terreturinimicus, etincipit animo cedere, si se cognoscit similia non habere : atque ideoab Indictione ilia militibus te et fabris armorum, invitati morum tuorum opinione, præfecimus ; ut taie opus ab artificibus exigas, quale nobis placere posse cognoscis. Securitas te nostrœ non inducat absentiæ. Quicquid feceris nos videmus, qui usu ipso 6ubtilissimæ perquisitionis et errores artificum posftumus prima frontereprehendere, et laudabiliteroperata judicare. Vide ergo, qua diligentia, qua studio sit faciendum, quod ad nostrum venturumconstat examen. Age ilaque, utnulla te vænalitas, nu lia culpa demergat : quia veniale esse non potest, quod in tali causa deünquitur : ne inde puniaris, de qua parte peccaveris. Opus quod mortem général et salutem, interitus peccanlium, custodia bonorum, contra improbos necessarium semper auxilium. Hoc primum Plioroueus Junoni dicitur obtolisse ; ut inventum suum numinis, ut pulabat, auspicio consecraret. Hæc iu bello necessaria, In pace décora sunt. Hæc denique imbecilles fragilesque mortales cunctis belluis efficil forliores. » 2° FORMULA AD PRÆFECTUM PRÆTORIO DE ARMORUM FACTORIBUS.

« Multorum insinuatione comperimus ; ilium probis moribus instilutum commisse sibi posse fideiiter expedire. Idcirco illustris Magnitude vestra nos cum elegisae wgnoscat ; ut el militibus præsit sccunduiu morem prislinum, et artificibus jubere possit armorum ; qualenus cmsuetudines suas sic eleganter adimpleant, et nulla to œ in venir ! possit offeusio. Quia licct ubique culpa laedai : luc tamen graviter perçu lit, si bellorum instrumeota uegitterit. Proüitionis quippe instar est, exercitui subtrabere, quod cum constat armare. Quibus consuetudinessuas provideutia vestra deputabit ; ut dum illis victualium les toilitur, necessaria vivacius exigantur. »

Horumjudex erat proprius. Comme Oudendorp, ooes aimerions mieux lire, d’après quelques manuscrits : üferum judetPproprius erat.

CHAPITRE XII.

Le commentaire de Turpin de Crissé sur ce chapitre ne nous a rien offert qui méritât d’en être extrait De officio tribuni militum. « Je ne ferais que copier Juste-Lipse et d’autres, en m’éteudanl beaucoup ici sor la charge des tribuns, dont on sait qu’il y en avait ordinairement six dans chaque légion, créés en partie par les consuls et en partie par les suffrages du peuple. Du temps de Polybe, on ne nommait à ces emplois qoe des personnes qui avaient fait dix ou au moins cinq campagne. Daus les siècles suivants, on se relâcha de ce6 conditions, et on vit fréquemment des jeunes gens de coo&ioa parvenir au tribunat, uniquement par faveur, et saut avoir servi dans les armées ; ce qui ne semble pas s’accorder avec la haute idée qu’on a du militaire romain d de la sagesse avec laquelle on le dirigeait. — 11 est vrai que la charge des Iribuns n’a jamais influé sur liotérieur de la légion, ni formé une partie essentielle de sa constitution. Le détail du service et de la discipline ne roulait proprement que sur les centurions et sur les six officias de la première cohorte, les deux primipiles, les dois premiers princes et les deux premiers hastats. — Dans les temps de la république, les tribuns n’avaient aucui commandement particulier de l’une ou de plusieurs cohortes, comme quelques-uns Pont cru sans fondement. Leur priucipale fonction était, selon Tite-Live (XXYII1, 24), de reudre la justice, et de juger des différends qui s’élevaient entre les soldats. Pour vaquer à cet exercice, on leur dressait uu tribunal dans l’endroit du camp nommé principia. Ils avaient encore la charge de faire prêter le serment aux soldats, de veiller à lapolkedàb sûreté du camp, de régler les gardes de nuit elles rondes, d’assister aux travaux du camp et aux exercices, de marcher avec les troupes lorsqu’elles allaieut au fourrage, d’avoir soin des malades, et surtout d’assister aux coosrib de guerre que les généraux assemblaient en certaines occasions. Ils se relevaient, au reste, de six mois eo six mois dans l’exercice de leur charge. — Cependant, quoiqu’il ae fût pas nécessaire d’avoir { expérience des primipilts pour parveuir au tribunat, l’ordre de ces tribuns n’était pas moins l’école des généraux, et la pépinière des grands hommes que la république a produits. Suivant une loi assortie à un gouvernement militaire tel qo’était celui des Romains, on n’entrait pas dans lé sénat sans avoir fait u certain nombre de campagnes ; el cette loi, négligée dais la suite, était d’autant plus nécessaire, que c’était du séod même qu’ou tirait les généraux qui devaient commander les armées. Le chemiu pour parveuir aux premières charges dans les légions était long et pénible. Pour faciliter aut jeunes gens, destinés par leur naissance à de grands emplois, le moyen de se rendre habilesdans Tari de la guerre, on avait imagiué certains ordres militaires qui, quoique séparés à quelques égards du corps des légions, ne partageaient pas moins avec elles le danger et Pbooiiear dm belles actious. De ce nombre étaient en partie tuas « m