Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/814

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entrée dans l’ouvrage. Il est donc clair qu’il n’était ni carré, ni fermé du côté de la place ; il ne nous reste plus qu’à nous déterminer entre la forme ronde ou celle de redoute : l’autorité de M. le Blond me fait croire que celle de redoute est la plus vraisemblable.

« Ainsi, d’après ce que j’ai dit, il me semble que nos modernes, en construisant nos demi-lunes, n’ont eu que la gloire d’avoir perfectionné un ouvrage que les anciens ont connu avant eux.

Ouvrage extérieur.

« Ce n’est pas là le seul ouvrage extérieur dont nous parle Végèce, avec lequel il y avait une communication de la ville, et qui tirait ses défenses des ouvrages de la place. Je crois bien à la vérité que la figure de tous ces ouvrages se réduisait à celle d’une tour ronde ou carrée, ou peut-être à celle d’un réduit comme celui dont nous venons de donner la description ; que leur construction consistait en un rempart, des mâchicoulis et un fossé très-large devant, peut-être une palissade : mais enfin tous les ouvrages même que nous avons actuellement n’ont pas d’autre figure que celle d’un corps de la place, d’une demi-lune ou d’une grande lunette ; leur construction est aussi la même, la raison en est aisée à saisir ; tous ces ouvrages devant se défendre contre les mêmes armes, leur construction ne doit donc pas être différente ; mais ils prenaient, comme à présent, différents noms, et servaient à protéger un poste important. Car il dit, en parlant d’une source qui est hors de l’enceinte d’une place : « On cherche des veines d’eau plus basses hors de l’enceinte de la place, et on les protège avec les batteries des murailles et des tours qui en assurent la communication : que si cette source est hors de la portée du trait, mais cependant au-dessous de la place et sur le même côté, il faut construire, entre le corps de la place et cette source, un petit fort qu’on « appelle bourg, dans lequel on établit des balistes et des archers, pour éloigner les ennemis, et défendre les gens qu’on envoie à l’eau. »

« Ce seul ouvrage peut avec raison nous en faire sous-entendre d’autres dont Végèce ne parle pas. Il est même fâcheux qu’il ne s’étende pas davantage sur une partie aussi intéressante. Je ne décrirai ici ni la figure, ni la hauteur, ni la manière de le construire ; les données de Végèce sur ce sujet ne sont pas assez étendues.

« Voilà à quoi se réduisent à peu près les fortifications permanentes des anciens ; nous n’avons parlé ici que des ouvrages qui sont élevés au-dessus du terrain, et non pas des moyens de défense enterrés, comme les mines. Ce sujet a été trop bien traité par M. Folard, pour que je veuille le retoucher de nouveau. D’après ce que nous venons de voir dans Végèce, il paraît que c’est le même esprit qui existe actuellement qui existait autrefois dans la science de la fortification ; que les ouvrages tiraient des défenses les uns des autres ; que les approches étaient éloignées de même par le moyen des ouvrages extérieurs ; qu’enfin le même génie, comme nous l’avons dit, a toujours présidé à cette science.

« Dans ce petit ouvrage je n’ai pas prétendu commenter tout ce que renferme le quatrième livre de Végèce, mais ce qui regarde seulement les fortifications permanentes. Je croirai avoir rempli mon but si j’ai montré l’origine des ouvrages extérieurs de nos jours, et si j’ai désabusé quelques personnes de l’art, dont l’idée serait que la combinaison des fortifications des anciens était plus simple que celle de nos jours. »

Tutissimum eligentis. On lit dans un manuscrit tutissima eligentis, qu’Oudendorp regarde comme une meilleure leçon.

Ambitum muri directum veteres duci noluerunt. Voyez Vitruve (I, 5).

Dispositus. Plusieurs manuscrits portent expositus, bonne leçon, suivant Oudendorp.

Sed sinuosis anfratibus, etc. Voy. Hygin (De Castramet.).

CHAPITRE III.

Duo intrinsecus parietes fabricantur. « On voit dans le Poliorceticon de Juste-Lipse (l. III) la figure de ces deux murailles construites derrière le mur d’enceinte. — Les anciens ne terrassaient pas ce mur d’enceinte extérieur : la raison, dit le chevalier de Folard (Défense des places, t. III, art. 1), est que les balistes et les catapultes n’auraient pu être placées sur le rempart sans être vues des assiégeants, qui dès lors les auraient démontées. Ainsi, pour les mettre à couvert, on les plaçait au bas et derrière le mur d’enceinte, dans lequel on pratiquait des créneaux. — À l’égard des deux murailles qui, avec les matériaux dont on remplissait le vide, formaient le rempart, Vitruve (I, 5) prétend qu’il n’y a pas de meilleur moyen que de les terrasser : la méthode qu’il propose est la même que la nôtre. — Appien parle de murailles hautes de soixante pieds, construites en pierres carrées ; et Thucydide, d’un mur assez large pour fournir passage à deux chariots de front, construit de même de pierres carrées, scellées par des liens de fer. — On trouve dans Polybe (VIII, 7) un exemple de retranchements construits les uns derrière les autres parallèlement. Au fameux siége de Platée, les assiégés élevèrent un second mur intérieur. »

Quasi clivo molli, usque, etc. C’est à Stewechius que l’on doit cette leçon ; on lisait auparavant molliusque.

CHAPITRE IV.

Ponitur cataracta. « Les modernes ont conservé longtemps l’usage de la herse (Folard, Déf. des places, art 3) telle que la décrit Végèce ; mais, comme on s’aperçut que l’effet en pouvait être arrêté par le moyen d’un chevalet de chaque côté de la coulisse, on inventa les orgues, qui, n’étant point attachés les uns aux autres par des traverses comme la herse, tombent sans que l’assiégeant poisse l’en empêcher. »

CHAPITRE V.

Aquis cœperint redundare. Cette leçon, due à Schwebelius, est bien meilleure que celle de la Vulgate : Aquæ cœperint inundare.

CHAPITRE VI.

Ciliciaque tenduntur. « Les cilices étaient des espèces de couvertures tissues de poil de bouc. On en recouvrait les ouvrages qui pouvaient être insultés par l’ennemi. — L’usage des peaux, des nattes et des cilices ne se bornait pas à amortir les coups : on les étendait encore au-devant des travailleurs, qu’on dérobait ainsi à la vue de l’ennemi. On en trouve plusieurs exemples dans Quinte-Curce (IV) et dans les Commentaires de César. (De bell. civ. II). Voy. aussi Ammien (XX et XXIV.)

Crates… quas metellas vocaverunt. Ni les textes ni les savants ne sont ici d’accord. On ne trouve metella dans aucun auteur ; on lit dans les manuscrits metillas, medullas, et metallas (de metallus ou metallum), leçon que semble préférer Schwebelius. Matellas (des pots) plaisait mieux à Oudendorp.

Supra caput suum vergerent saxa. Oudendorp rejetait cette leçon ; il lisait vergeret, et remplaçait supra par super.

CHAPITRE VII.

Continuis insultibus impugnat obsessos. Alteram, cum. Ces mots manquent dans beaucoup d’éditions et de manuscrits ; mais ils sont évidemment nécessaires, et pour compléter grammaticalement la phrase unam, cum, etc.,