Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/815

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et pour établir la distinction que fait notre auteur entre les deux espèces de siégea dont il est question.

Lardum. Oudendorp veut qu’on lise laridum, terme plus général, et qui signifie, selon lui, toute espèce de viande conservée dans le sel. Voy. Macrobe (Saturn., VII, 12) et Saumaise (Ad Vopisci Prob. 4).

Pabula equis sunt præcipue congerenda. On lit dans un manuscrit, pabula quæque, equis præcipue, congerenda ; très-bonne leçon, suivant Oudendorp.

Hortorum cura in viridariis domorum. « Pendant le siège de Borne attaquée par Tolila, Diogène, qui la défendait, avait fait ensemencer les jardins de légumes, pour en pouvoir fournir toute l’année aux habitants et à la garnison. Par cette précaution, et par beaucoup d’autres qui font honneur à sa défense, il aurait vraisemblablement forcé les ennemis à lever le siége, s’il n’avait pas été trahi. »

CHAPITRE VIII.

Quæ species præparandæ sunt pro defensione murorum. « Le chevalier de Folard reproche avec raison à Végèce, ainsi qu’à Onosander et à Ænéas, qui ont traité le même sujet, de n’avoir rien écrit des assauts ni des retranchements pratiqués derrière les brèches : il y supplée par des citations d’anciens historiens, qu’il est bon de lire dans son traité De la défense des places (art. 13). — Les anciens faisaient souvent de ces retranchements derrière les brèches ; ils traçaient pour cela un angle rentrant, dont les deux côtés se prolongeaient jusqu’aux deux extrémités du mur qui restait encore en entier. Les côtés formaient ordinairement un mur composé de poutres couchées de plat, rangées en échiquier les unes sur les autres. Le vide en était rempli par des pierres et de la terre. — Telles étaient les murailles de Bourges, suivant César. On les faisait quelquefois de terre, soutenues par des fascinages au lieu de poutres, quelquefois de quartiers de pierre très-élevés les uns sur les autres, sans liaison de chaux ni de sable. »

Oleum, quod incendiarium vocant. « Stewechius croit que Végèce entend par cette huile incendiaire celle que les anciens composaient avec du naphte : il renvoie à Marcellin (l. XXIII) et à Pline le Naturaliste (l. II) sur la composition et l’usage du naphte. On chargeait de cette huile un petit tuyau ménagé dans les flèches, après y avoir trempé une mèche allumée : le feu se communiquait à tout ce que ces flèches touchaient, et s’éteignait difficilement. »

Convenit præparare. Beaucoup de manuscrits portent præparari, que préférait Oudendorp.

Ad arma facienda ferrum… et carbones servantur. « Les Romains forgeaient leurs armes avec beaucoup de précaution, surtout pour empêcher qu’elles ne passassent aux peuples qu’ils appelaient barbares. Ils n’en tiraient point non plus d’eux, l’achat et la vente des armes étant également défendus sous des peines rigoureuses. Elles ne passaient donc aux étrangers que par les déserteurs. »

'Non solum obruant subeuntes. Il faut lire, suivant Oudendorp, non solum hostes obruant subeuntes, et, quelques mots plus haut, demissa.

Cylindri. « Ammien Marcellin indique l’usage de ces cylindres, que les assiégés jetaient du haut des murs sur les assiégeants. Ce pourrait bien être la même machine dont parle obscurément Salluste dans un fragment du troisième livre. »

Quas taleas vocant. On lit aussi dans les manuscrits, galeas et coleas ; mais notre leçon nous paraît la meilleure. Voy. Nonius Marcellus et Varron (De Re r. l. 1).

Bellatores sternunt, equosque solent deterrere. Les manuscrits sont loin d’être d’accord ici, et Bessel, se demandant ce que les chevaux y viennent faire, propose de lire simplement : bellatores sternunt, cosque solent deterrere.

Mobiles turres. Voy. Onosander (42, 11) et Diodore de Sicile (liv. XIV, p. 276).

CHAPITRE IX.

Crines feminarum… non minorem habere virtutem. Plusieurs auteurs confirment ce que dit Végèce de la force des cheveux des femmes. Voy. Florus (II, 15), Vitruve (X, 17), César (De bell. civ. III) et Appien (De bell. pun.)

Matronæ abscissos crines viris suis obtulere pugnantibus. « Les femmes romaines n’ont pas été les seules qui aient sacrifié leur chevelure à la défense de la patrie. On lit dans Polyen (l. VIII) qu’au siège de Thase, soutenu pendant trois ans contre les Athéniens, les Thasiennes se coupèrent toutes les cheveux pour fournir aux machines, qui manquaient de cordes. Frontin rapporte aussi (l. VII) que les Carthaginois, se trouvant assiégés, employèrent les cheveux de leurs femmes à faire des cordages pour les navires ; ce qui fut encore pratiqué par ceux de Rhodes et de Marseille. — Au siége de Salone par César, « les assiégés employèrent, dit-il, jusqu’aux cheveux de leurs femmes pour fournir des cordages aux machines, etc. » La même chose arriva aux sièges de Byzance sous l’empereur Sévère, et d’Aquilée sous l’empereur Maximin. »

Cornua quoque, vel cruda coria proficit colligi ad cataphractas tegendas. Des assiégés devant moins s’occuper de couvrir leurs armes que d’en fabriquer, ce tegendas a paru suspect à Stewechius. Oudendorp a trouvé dans des manuscrits la véritable leçon, texendas, et il remarque que les cuirasses se faisaient de corne raclée et polie (e cornibus rosis et lævigatis), et de cuir durci (præduro corio). Voy. Tacite (Hist. I, 79), Ammien Marcellin (XVIII, 12), J. Lipse (De mil. rom. III, 6). Végèce a lui-même dit (I, 11) : scuta de vimine texebantur.

CHAPITRE X.

Cisternæ sunt… substruendæ. « Stewechius rapporte un autre expédient qu’ont autrefois employé les Septentrionaux : c’était de tendre de grandes voiles suspendues en l’air pour recevoir la pluie. Comme ces voiles avaient une pente naturelle tendant au centre, l’eau s’y rassemblait, et coulait de là dans des vaisseaux placés au-dessous. »

Difficile enim vincit sitis eos, qui, etc. Quelques manuscrits portent, difficile enim eos quis vicit, qui, etc. ; leçon qui plaisait mieux que la nôtre à Oudendorp, et peut-être avec raison.

CHAPITRE XI.

Quæ sole siccata, nihilominus mutatur in salem. Oudendorp lisait ici, d’après quelques manuscrits, in sales. (Voy. Végèce, De art. veter. III, 75), de même qu’à la première ligne de ce chapitre, sales defuerint.

CHAPITRE XII.

Admotis scalis invaditur civitas. On lit avant civitas, dans quelques éditions, dum, et, après civitas, les mots resistere debent omni virtute, que Schewebelius a eu raison de supprimer.

Quod si a fidentibus, etc. Voy. Onosander, c. 39.

CHAPITRE XIII.

Enumeratio machinarum, quibus muri oppugnantur. « On voit par la lecture des auteurs grecs, surtout par celle de Polyen, que les Romains tenaient des Grecs presque tout ce qu’ils savaient sur l’attaque et sur la défense des places. Mais ils perfectionnèrent ce qu’ils en avaient appris au point d’avoir des avantages considérables sur ces mêmes Grecs par le choix des armes, et surtout par l’usage fréquent de ces machines. »