Page:Marcellin Pellet - Élysée Loustallot et les Révolutions de Paris, 1872.djvu/191

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de faux papier-monnaie, fabriqué en Angleterre et en Allemagne[1]. Pour le moment ils chargèrent un de leurs députés les plus influents, Bergasse, de combattre, dans un mémoire intitulé « Protestation contre les assignats, » la nouvelle mesure financière. Avec sa dialectique serrée et lumineuse, Loustallot réduit à néant tous les arguments de Bergasse ; il prouve que les assignats, loin d’être un expédient d’administrateurs aux abois, sont aussi avantageux que nécessaires. Il démontre que les assignats, pour ne pas avoir une valeur intrinsèque comme la monnaie d’or ou d’argent, n’en ont pas moins une valeur parfaitement établie, comme signes représentatifs d’une propriété foncière bien supérieure et presque inépuisable. Ils ont même sur le louis d’or ce grand avantage de ne coûter que des frais minimes de fabrication.

« C’est une autre supposition gratuite que de dire que nos assignats ne circuleront pas chez l’étranger ; cette supposition porte sur cette autre, qu’ils ne circuleront pss au pair chez nous, et c’est ce qui n’est pas prouvé. Mais si, d’après les principes développés ci-dessus, ils sont une véritable

  1. En juin 1795, les Anglais et les émigrés, débarquant à Quiberon sous la conduite de Puisaye et d’Hervilly, apportaient pour dix milliards de faux-assignats. — Voir le 1er volume de l'Origine des Bonaparte, de Michelet, page 265.