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tués par ces voleurs, s’ils ne voyagent par bandes. Dans les villes il y a cependant de très bons artisans et qui excellent dans les ouvrages de soie et d’or et de plumes. Le pays est abondant en gruau, blé, orge, millet et en toutes sortes de grains. Ils ont aussi des fruits et du vin.

XX
De la ville de Jasdi.


Jasdi[1] est une grande ville, dans le même pays, dans laquelle on fait beaucoup de marchandises. Il s’y trouve aussi des artisans subtils qui travaillent en soie. Les habitants sont aussi mahométans. Par delà Jasdi, l’espace de sept milles, on ne trouve aucune habitation jusqu’à la ville de Kerman. Ce sont des lieux champêtres et broussailleux, fort propres à la chasse. On y trouve de grands ânes sauvages en abondance.

XXI
De la ville de Kerman.


Kerman est une ville très renommée, où se trouvent beaucoup de ces pierres précieuses qu’on appelle vulgairement « turchici » ou turquoises. De même sont ici des mines d’acier et d’andaine (antimoine). Pareillement, on y a des faucons excellents, le vol desquels est très vite, et qui néanmoins sont plus petits que les étrangers. Kerman a des artisans de plusieurs ordres, qui fabriquent quantité de brides, éperons, selles, épées, arcs, carquois, et d’autres instruments, selon la coutume de ce pays-là. Les femmes sont occupées de la broderie, et font des coutes (couvertures) et des chevets très curieux. De Kerman on s’en va par une grande plaine, et quand on a voyagé sept jours, on parvient à une descente, qui se parachève dans l’espace de deux

  1. Sans doute Yezd, entre Chiraz et Ispahan. (P.)