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jours, et cela tellement que le pied du passant penche toujours en bas. Dans cette plaine se trouvent force perdrix, comme aussi des châteaux et des villes ; dans la descente penchante sont beaucoup d’arbres fruitiers ; mais nulle demeure ou habitation, sinon celles des bergers. Il fait dans ce pays si froid en hiver que l’on n’y peut demeurer.

XXII
De la ville de Camandu et du pays de Reobarle.


On vient après cela à une grande plaine, où il y a une ville appelée Camandu[1]. Elle était grande autrefois, mais les Tartares l’ont ruinée. Le pays en a gardé le nom ; on y trouve des dattes en abondance, des pistaches, des pommes de paradis (bananes), et plusieurs autres différents fruits qui ne croissent point chez nous. Il y a en ce pays-là de certains oiseaux nommés fincolines (francolins), dont le plumage est mêlé de blanc et de noir, qui ont les pieds et le bec rouges. Il y a aussi de fort grands bœufs, qui sont blancs pour la plupart, ayant les cornes courtes et non aiguës, et une bosse sur le dos[2], comme les chameaux, ce qui les rend si forts qu’on les accoutume aisément à porter de lourds fardeaux ; et quand on les charge, ils se mettent aussi à genoux, comme les chameaux ; après quoi ils se relèvent, étant dressés de bonne heure à ce manège. Les moutons de ce pays-là sont aussi grands que des ânes, ayant des queues si longues et si grosses qu’il y en a qui pèsent jusqu’à trente livres[3]. Ils sont beaux et gras et de fort bon goût. Il y a aussi dans cette plaine plu-

  1. Aucun commentateur n’a pu dire de quelle ville l’auteur veut ici parler.
  2. C’est le zébu, Bos indicus des naturalistes.
  3. Ovis laticaudata. — La partie caudale de ces animaux devient parfois si volumineuse que pour éviter qu’elle se déchire en traînant sur la terre on les attelle à des espèces de petits chariots destinés à soutenir cette queue phénoménale.