jours, et cela tellement que le pied du passant penche toujours en bas. Dans cette plaine se trouvent force perdrix, comme aussi des châteaux et des villes ; dans la descente penchante sont beaucoup d’arbres fruitiers ; mais nulle demeure ou habitation, sinon celles des bergers. Il fait dans ce pays si froid en hiver que l’on n’y peut demeurer.
On vient après cela à une grande plaine, où il y a une ville appelée Camandu[1]. Elle était grande autrefois, mais les Tartares l’ont ruinée. Le pays en a gardé le nom ; on y trouve des dattes en abondance, des pistaches, des pommes de paradis (bananes), et plusieurs autres différents fruits qui ne croissent point chez nous. Il y a en ce pays-là de certains oiseaux nommés fincolines (francolins), dont le plumage est mêlé de blanc et de noir, qui ont les pieds et le bec rouges. Il y a aussi de fort grands bœufs, qui sont blancs pour la plupart, ayant les cornes courtes et non aiguës, et une bosse sur le dos[2], comme les chameaux, ce qui les rend si forts qu’on les accoutume aisément à porter de lourds fardeaux ; et quand on les charge, ils se mettent aussi à genoux, comme les chameaux ; après quoi ils se relèvent, étant dressés de bonne heure à ce manège. Les moutons de ce pays-là sont aussi grands que des ânes, ayant des queues si longues et si grosses qu’il y en a qui pèsent jusqu’à trente livres[3]. Ils sont beaux et gras et de fort bon goût. Il y a aussi dans cette plaine plu-
- ↑ Aucun commentateur n’a pu dire de quelle ville l’auteur veut ici parler.
- ↑ C’est le zébu, Bos indicus des naturalistes.
- ↑ Ovis laticaudata. — La partie caudale de ces animaux devient parfois si volumineuse que pour éviter qu’elle se déchire en traînant sur la terre on les attelle à des espèces de petits chariots destinés à soutenir cette queue phénoménale.