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XXVIII
De l’idolâtrie des païens de ce royaume-là.


Tous les habitants du royaume de Maabar, tant hommes que femmes, sont noirs ; mais ils emploient quelque moyen pour cela, s’imaginant que plus on est noir et plus on est beau. Car ils frottent les enfants trois fois la semaine d’huile de sésame, ce qui les rend très noirs ; celui qui parmi eux est le plus noir est le plus estimé. Les idolâtres rendent aussi noires les images de leurs dieux, disant que les dieux sont noirs et tous les saints ; mais ils peignent le démon blanc, assurant que les démons sont de cette couleur. Et lorsque ceux qui adorent le bœuf vont à la guerre, ils portent avec eux du poil d’un bœuf sauvage et le lient au crin de leurs chevaux. Les gens de pied l’attachent à leurs cheveux ou à leurs boucliers, croyant que cela les garantira de tout danger : car ils regardent un bœuf sauvage comme très saint.

XXIX
Du royaume de Mursili, où l’on trouve les diamants.


Par delà le royaume de Maabar, à mille milles, on trouve celui de Mursili (Masulipatan), qui ne paye tribut à personne. Les habitants vivent de chair, de riz et de lait et sont mahométans. On trouve en quelques montagnes de ce royaume-là des diamants : car lorsqu’il pleut les hommes vont aux endroits où les ruisseaux coulent des montagnes, et ils trouvent beaucoup de diamants dans le gravier. En été ils montent aussi sur les montagnes, quoique avec beaucoup de peine à cause de l’extrême chaleur qu’il fait, et s’exposent à un danger évident à cause des grands serpents qui sont là en grand nombre ; ils cherchent dans les vallées des montagnes et dans les autres lieux caver-