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neux, des diamants, et quelquefois ils en trouvent en abondance. Et voici comment : il y a dans ces montagnes des aigles blancs, qui mangent les serpents dont nous avons parlé ; les hommes allant par les montagnes, et souvent, à cause des chemins difficiles et des précipices, ne pouvant pas descendre dans les vallées, y jettent des morceaux de viande fraîche ; les aigles, apercevant ces morceaux, viennent pour les prendre, et de cette manière ils emportent les diamants qui se sont attachés à la viande. Les hommes, ayant vu où l’aigle est allé, courent à cet endroit et trouvent les petites pierres qui sont autour du nid ; mais si les aigles mangent la viande sur-le-champ, les chasseurs prennent garde où il se retire la nuit pour dormir, et ils vont chercher les diamants au milieu et parmi leur fiente. Les rois et les gens de qualité achètent les plus beaux diamants, et ils permettent aux marchands d’emporter les autres. Cette province abonde en tout ce qui est nécessaire à la vie, et surtout il y a un grand nombre de béliers de très forte taille.

XXX
Du royaume de Laë.


Après avoir quitté la province de Maabar et allant vers l’occident, on trouve la province de Laë, qui est habitée par les abrajamins (sectateurs de Brahma), qui ont en horreur tout mensonge. Ils n’ont chacun qu’une femme, ils ont en abomination le rapt et le vol, ils ne se servent pour la vie ni de chair ni de vin et ne tuent aucun animal. Ils sont idolâtres et s’attachent aux augures. Quand ils veulent acheter quelque chose, ils considèrent premièrement leur ombre, et suivant le jugement qu’ils forment, ils payent la marchandise. Ils mangent peu et font de grandes abstinences. Ils usent dans leur boisson d’une certaine herbe qui aide beaucoup à la digestion. Ils ne se font jamais saigner. Il y a parmi eux quelques idolâtres, qui vivent très austère-