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font une boisson avec du sucre au lieu de vin. Il y a plusieurs astrologues et médecins. Ils vont presque tout nus, tant hommes que femmes. Ils deviennent noirs et difformes par la trop grande ardeur du soleil, mais ils croient au contraire en être plus beaux. Ils prennent des femmes parmi leurs parents au troisième degré, et ils épousent aussi leur belle-mère quand le père est mort, et leur belle-sœur quand le frère est mort, ce qui se pratique d’ailleurs dans toute l’Inde.

XXXII
De la province de Comar.


Le pays de Comar[1] est la partie de l’Inde où le pôle arctique peut encore être vu, mais on ne peut le voir depuis l’île de Java jusqu’à ce pays-là, parce que tous les pays qui sont entre deux sont au delà de la ligne équinoxiale. Ce pays est fort sauvage ; il y a beaucoup d’animaux qui sont inconnus dans les autres pays, surtout des singes, qui ressemblent parfaitement aux hommes ; il y a aussi des lions et des léopards en grand nombre.

XXXIII
Du royaume d’Éli.


En sortant de la province de Comar et allant vers l’occident, on trouve à trois cents milles le royaume d’Eli, qui a son roi particulier et une langue particulière. Les habitants sont idolâtres. Le roi est très riche et possède de grands trésors ; mais il n’a pas un grand peuple, quoique le pays soit fortifié par nature. Il y croit une grande quantité de poivre, de gingembre et d’autres aromates. Si quelque navire chargé est obligé de relâcher dans cette province, par tempête ou par

  1. Apparemment la région que termine le cap Comorin.