Page:Marco Polo et al. - Deux voyages en Asie au XIIIe siècle, 1888.djvu/290

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ment à l’honneur de leurs idoles. Ils vont tout nus et disent qu’ils n’ont pas de honte de ce qui est sans péché. Ils adorent les bœufs et se frottent avec beaucoup de révérence le corps d’une huile qu’ils font de leurs os. Ils ne se servent point de couteaux en mangeant ; mais ils mettent leur manger sur des feuilles sèches, qu’ils prennent aux arbres qui portent les pommes dites de Paradis (bananiers) ou de quelques autres arbres. Ils ne mangent ni fruits ni herbes vertes, car ils disent que toutes ces choses, si elles sont vertes, ont vie et âme. C’est pourquoi ils ne veulent point les tuer, de peur de faire un grand péché en privant de la vie aucune créature. Ils dorment sur la terre nue et ils brûlent les corps morts.

XXXI
Du royaume de Coilum.


En allant du royaume de Maabar à l’autre partie de la côte, on trouve à cinq cents milles le royaume de Coilum[1], où il y a beaucoup de chrétiens, de juifs et de païens. Le roi de ce pays-là ne paye tribut à personne, et les peuples ont un langage particulier. Il y croît beaucoup de poivre, car les forêts et autres lieux sont pleins des petits arbres qui le portent. On le recueille dans les mois de mai, juin et juillet. Il y a en ce pays-là de si grandes chaleurs qu’il est impossible de vivre. Les rivières même y sont si chaudes qu’on peut y cuire un œuf. On fait beaucoup de sortes d’ouvrages en ce pays-là, à cause du grand gain que les négociants qui viennent les acheter y apportent. On trouve aussi là beaucoup d’animaux qui ne sont point dans les autres pays. Car on y trouve des lions gris, des paparaux (perroquets) qui ont les pieds blancs et le bec rouge, des poules toutes différentes des nôtres. Ils croient que cette diversité vient de la grande chaleur du climat. Il n’y croît point de froment, mais du riz. Ils

  1. Quilou ou Koulem, sur la côte du Malabar.