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leur corps répond à cela. Cet oiseau est si fort qu’il prend sans aucun secours que de ses propres forces un gros éléphant et l’élève en haut, puis le laisse tomber pour en faire sa pâture. Moi, Marco, ayant entendu parler de cet oiseau, je pensais que c’était un griffon, qui est un animal à quatre pieds, quoiqu’il ait des plumes. Il est en tout semblable au lion, si ce n’est qu’il a la mine d’un aigle ; mais ceux qui avaient vu de ces rucs assuraient constamment qu’ils n’avaient rien de commun avec tous les autres animaux, et qu’ils n’avaient que deux pieds comme les autres oiseaux. De mon temps, l’empereur Koubilaï avait un certain courrier qui avait été détenu prisonnier dans ces îles, et qui, ayant été relâché, raconta à son retour des choses surprenantes de ces pays-là et des diverses sortes d’animaux que l’on y trouve.

XLI
De l’île de Zanzibar.


On trouve là aussi une autre île qui contient deux milles de circuit, ayant un roi particulier et un langage distingué. Les habitants sont idolâtres, les hommes sont gros et courts ; et s’ils étaient grands à proportion, ils pourraient passer pour des géants. Ils sont si forts qu’un de ces gens-là portera la charge de quatre ou cinq autres, ils sont grands mangeurs, et un repas d’un de ces hommes-là pourrait suffire à cinq de notre pays. Ils sont noirs et vont nus. Ils ont beaucoup de cheveux et si crépus qu’il faut les mouiller pour pouvoir les étendre. Ils ont la bouche grande, les narines larges et retroussées, les oreilles grandes et le regard affreux, Les femmes sont aussi laides, ayant les yeux affreux, la bouche grande et le nez gros. Ils vivent de chair, de riz, de lait et de dattes. Ils n’ont point de vin ; mais ils font une certaine boisson avec du riz, du sucre et autres épices. Plusieurs marchands débarquent en cette île parce qu’il y a beaucoup de baleines et