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Page:Marguerite de France - Memoires et Lettres.djvu/219

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POUR HENRI DE BOURBON.

de Boisy, qui furent deputez pour ce faict, vous l’ont pu asseurer.

Apres la paix faicte, il se commença de mettre e, avant le mariage de madame vostre fille, duquel je m’estimay tres-heureux, pour me voir rapprocher de vos majestez ; lequel mariage n’estant du tout resolu, elle vous vint trouver pour achever de le conclure, et me laissa en attendant en ses pays ; où bien-tost apres elle m’envoya querir, comme aussi firent vos majestez par Perqui, lequel vous a pu dire le plaisir que ce me fut d’avoir ce commandement : comme je le montray m’acheminant trois jours apres, ayant eu vingt accez de fievre tierce. Apres m’estre acheminé sept à huict journées, je sçeus la mort de la Royne ma mere, qui m’eust esté une excuse assez valable de m’en retourner, si j’en eusse eu envie ; toutesfois je m’acheminay un jour apres, avec la meilleure troupe de mes serviteurs que j’avois pu assembler, et ne fus content que je ne fusse arrivé pres de vos majestez ; où, tost apres ces nopces, avint la Saint-Barthelemy, où furent massacrez tous ceux qui m’avoient accompagné, dont la pluspart n’avoient bougé de leurs maisons durant les troubles. Entre les aultres fut tué Beauvais, lequel m’avoit gouverné des l’aage de neuf ans ; dont vous pouvez penser quel regret ce me fut, voyant mourir ceux qui estoient venus soubz ma simple parole, et sans aultre asseurance que les lettres que le Roy m’avoit faict cet honneur de m’escrire, que je le vinsse trouver ; m’asseurant qu’il me tiendroit comme frere. Or ce desplaisir me fust tel, que j’eusse voulu les racheter de ma vie,