Page:Marguerite de Navarre - Deux farces inédites, éd. Lacour, 1856.djvu/20

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ue feirent?

CATHERINE.

   Finablement, après qu'ils veirent
   Que je ne cessoys de prier,
   De requérir, pleurer, crier,
   Ils s'inclinèrent, promettans,
   Dès que j'auroys dix-sept ans,
   De faire à mon intencion,
   Pourveu que ma dévotion
   Continuast. Or suis-je au terme:
   Mon vouloir est toujours ferme,
   Touttefois parens et amys,
   Contre tout ce qu'ils m'ont promis,
   Me reffusent. C'est ce qui tant
   Jour et nuyt me va contrestant.
   Je vous ay dict ma maladye:
   Si povez, faictes que je dye
   Que j'ay trouvé ung médecin.

CLÉMENT.

   Vierge plus blonde qu'un bassin,
   Tout premier conseiller vous veulx
   Que vos affections et voeux
   Vous modériez, et si contente
   L'on ne vous faict de vostre attente,
   D'en prendre ennuy ne vous jouez:
   Mais voulez ce que vous povez
   Pour le plus seur.

CATHERINE.

                      Morte je suis,
   Si je n'ay ce que je poursuis:
   Voire bientost.

CLÉMENT.

                   Mais voirement,
   D'où printes-voue primièrement
   Ce mortel désir?

CATHERINE.

                    Une foys
   Que guers d'aage je n'avoys,
   En ung couvent on me mena
   De nonnains; on me promena,
   On nous monstra là toutes choses:
   Ces nonnains fresches comme roses
   Me plaisoient et me sembloient anges,
   Tout reluysoit, jusques aux franges,
   En leur esglise. Leurs préaulx
   Et jardins estoient si très beaulx:
   Quant tout est dict, par tous les lieux
   Ou je vouloys tourner les yeulx,
   Tout me rioit. Si no